L’Atlas des mobilités par la fondation écologiste allemande Heinrich Böll vient de paraître. Ce document relate comment la démocratisation des moyens de transport a eu un impact considérable sur la pollution atmosphérique, et présente des solutions pour une mobilité alternative.
34% des émissions polluantes françaises sont liées aux transports
La mobilité est au cœur de nos vies pour aller travailler tous les jours, pour faire ses courses, les loisirs ou pour nos voyages. L’Atlas des mobilités en France et en Europe est publié par la fondation écologiste allemande Heinrich Böll, qui dispose d’un bureau et d’une équipe à Paris. Cet atlas, est composé d’une soixantaine de pages, de faits et de chiffres significatifs. On pense notamment, par exemple, à l’explosion du nombre de kilomètres parcourus. En 1800, un individu parcourait en moyenne 5 kilomètres par jour contre 50 kilomètres en 2022 pour le même nombre de trajets moyens.
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L’invention de la voiture et de l’avion est évidemment en cause. Si on se déplace plus rapidement et plus facilement, le revers de la médaille reste le poids écologique du secteur des transports. Aurélien Bigo, un des auteurs de cet atlas et chercheur sur la transition énergétique des transports, souligne le rôle majeur des transports en matière de pollution atmosphérique : « au niveau de l’Union européenne les transports représentent 28,5% des émissions totales. En France, si l’on inclut les transports internationaux, ce chiffre monte à 34%. C’est donc un tiers des émissions françaises qui sont liées aux transports et à une forte dépendance au pétrole. L’enjeu sera donc de réduire la consommation de pétrole pour des raisons climatiques, de santé publique et géopolitiques ». Pour l’instant la France n’y arrive pas, puisque les émissions du secteur des transports stagnent depuis une quinzaine d’années.
La mobilité de demain doit être plus sobre et associée à des énergies et des modes de déplacements alternatifs
Si le développement de l’électrique devrait accélérer la décarbonation du secteur, cela risque de ne pas suffire. En effet, si on parle de plus en plus de sobriété, elle devra également s’appliquer à nos déplacements : « il faut que chaque citoyen réduise ses kilomètres parcourus grâce à des modes de vie plus en proximité. Pour cela, on peut aussi utiliser d’autres modes de transport que la voiture, telle la marche, le vélo ou les transports en commun. Il faut combiner aux progrès technologiques, une modération collective au quotidien afin d’atteindre nos objectifs climatiques ». La mobilité de demain est donc une mobilité plus sobre combinée à des énergies et des modes de déplacements alternatifs.
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Selon Olivier Razemon, journaliste indépendant et également auteur de cet atlas, tout cela doit s’accompagner d’un nouvel aménagement du territoire : « dans les zones périurbaines et en campagne, comme la population augmente plus vite, on aménage les routes pour favoriser les déplacements en voiture individuelle. En ville, il faut réduire l’utilisation de la voiture en favorisant les pistes cyclables et en limitant l’étalement urbain. Les villes ne doivent pas continuer à s’étendre ». En effet, le développement des mobilités actives, tel le vélo ou la marche, n’est pas qu’un enjeu écologique c’est aussi un enjeu de santé publique. La pratique du vélo réduit ainsi le risque de diabète de 20 à 50%. Plus largement, une activité physique régulière réduit le risque de maladies cardiovasculaires de 30%. La transition dans le secteur des transports représente un défi colossal aux conséquences économiques et sociales importantes. La filière automobile représente 900 000 emplois directs et indirects en France. Ainsi, 370 000 postes pourraient disparaître du fait de la transition d’ici 2050 selon les experts de Shift Project.
Baptiste Gaborit
Nous publions ce soir l’#AtlasdesMobilités
En 23 chapitres rédigés par 17 expert-e-s, l'Atlas fait le point sur les faits et chiffres de nos mobilités en France et en Europe et sur les solutions permettant de les rendre durables, justes et inclusives.
➡️https://t.co/QjemoTOIIP— Heinrich-Böll-Stiftung Paris, France (@boellfrance) June 20, 2022