Air France compense les émissions carbone de ses vols intérieurs : est-ce vraiment écolo ?

Depuis le 1er janvier 2020, Air France compense les émissions de CO2 de tous ses vols domestiques, notamment grâce à la reforestation. Et de plus en plus de compagnies s’y mettent, comme Easy Jet ou British Airways. Le tout à grand renfort de publicité. Le secteur aérien veut se verdir mais est-ce la bonne solution ?

Écoutez 3 minutes pour la planète de Baptiste Gaborit

 

Un engagement d’Air France à plusieurs millions d’euros

Les émissions produites par le transport des 57.000 passagers des 450 vols domestiques quotidiens réalisés par Air France vont être compensées. Ce programme de la compagnie française représente un engagement volontaire de plusieurs millions d’euros. Pour Nathalie Simmenauer, la directrice environnement et développement durable d’Air France, cette initiative s’inscrit dans une démarche globale : « Cet engagement vient compléter les compensations dont nous devons nous acquitter depuis 2012 et ce, au niveau intra-européen ».

 

A lire aussi

Pollution : Air France va faire tourner ses moteurs au bio-carburant !

 

Les émissions vont être compensées notamment grâce à de la reforestation. Six projets ont été choisis en Amérique du sud et en Afrique. Un septième est en cours de sélection. Gérald Maradan, directeur général d’EcoAct, entreprise qui accompagne Air France dans ce programme de compensation carbone, détaille un plan principalement orienté vers les énergies renouvelables, la reforestation ou la conservation de forêts, comme par exemple au Pérou.

 

Un système de compensation carbone décrié

« L’idée est de financer des projets qui vont capter du CO2 de l’atmosphère ou éviter l’émission de gaz à effet de serre ». Deux autres projets de compensation carbone devraient également être sélectionnés en France. Seulement, compenser n’est pas réduire. Or, pour limiter le réchauffement climatique, il va falloir baisser les émissions de gaz à effet de serre. Pour Renaud Bettin du cabinet de conseil Carbone 4, voir la compensation comme une action qui annule ses propres émissions est une illusion. D’autant que « la capacité des écosystèmes à stocker le carbone est limitée ». Ces projets permettent toutefois de financer des projets « bas carbone » et d’accélérer la transition écologique dans d’autres pays ou même en France.

 

Air France vise objectif de réduction carbone ambitieux d’ici 2030

Un bon outil selon Renaud Bettin, à condition d’être transparent : « Compenser ses émissions ne peut pas s’apparenter à du greenwashing. Cette astuce publicitaire se situe dans l’utilisation marketing de cet outil ». Toutefois, il tendrait à masquer d’intéressants investissements d’entreprises pour une réelle réduction des émissions. Air France, de son côté, rappelle qu’il s’agit bien d’un programme de complément. Son objectif principal est bien de réduire ses émissions polluantes de 50% par kilomètre et par passager d’ici à 2030.

 

Baptiste Gaborit

 

Retrouvez d’autres articles de 3 minutes pour la planète