Le 2 décembre 2020, Morgan Keane était tué accidentellement dans le Lot par un chasseur. Depuis, six de ses amies ont monté un collectif pour recueillir des témoignages d’incidents ou de comportements dangereux autour de la chasse. Elles ont été reçues aujourd’hui au ministère de l’écologie.
Le collectif « Un jour, un chasseur » dénonce sous anonymat les comportements dangereux des chasseurs
Ces six amies originaires de la vallée du Lot sont Peggy, Mila, Sara, Nadège, Zoé et Léa. Elles sont proches de Morgan Keane, le jeune homme tué alors qu’il coupait du bois à 100 mètres de chez lui par un chasseur qui l’aurait confondu avec un sanglier. Quelques jours après le drame, les six jeunes femmes ont lancé « Un jour, un chasseur ». Nadège précise les conditions de lancement du mouvement : « on a décidé de créer ce compte mail pour récolter et relayer sous couvert d’anonymat des témoignages de terrain, dans un milieu rural où il est tabou de dénoncer la chasse ».
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Elles reçoivent une trentaine de témoignages par jour qu’elles publient donc ensuite sur leurs pages Facebook, Instagram et Twitter. Ces témoignages reflètent, selon elles, un sentiment d’insécurité face aux chasseurs : « les personnes ont peur d’aller se promener dans les bois, on a même des cas de balles qui sont entrées dans des maisons … ». Pour elles, la mort de Morgan Keane est le drame de trop et ne se contentant de relayer ces témoignages, elles appellent les autorités à réagir. Le collectif veut selon Zoé, un autre membre du mouvement, réformer la chasse : « on ne se revendique pas anti-chasse, on demande simplement que les règles soient plus strictes, notamment l’instauration d’un examen pour conserver son permis de chasse et l’éloignement de la zone de chasse des habitations ».
Thierry Coste : « informer les autres utilisateurs de la nature de la présence des chasseurs est une nécessité »
Les amies de Morgan ont donc été entendues par la secrétaire d’état Bérangère Abba et demandent un meilleur partage de la nature avec les chasseurs. Thierry Coste, conseiller politique de la fédération nationale des chasseurs, dit comprendre l’émotion face à ce drame mais rappelle que les statistiques montrent une baisse ces dernières années du nombre d’accidents et de morts liés à la chasse. Il rappelle également qu’une formation est obligatoire tous les 10 ans pour les chasseurs. La solution ne passe donc pas, selon lui, par plus de contraintes mais simplement par plus d’informations de la part des chasseurs. La semaine dernière, Bérangère Abba disait vouloir réfléchir à des solutions pour apporter des compléments de sécurité à la chasse, sans plus de précisions pour le moment.
Baptiste Gaborit