1/3 du gaspillage alimentaire a lieu chez les producteurs : quelles sont les solutions ?

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10 millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année en France, ce qui représente 16 milliards d’euros perdus. 1/3 de ce gaspillage a lieu au début de la chaîne, directement chez les producteurs.

Les légumes avec des saletés ne sont plus forcément écartés

L’Ademe, l’Agence de l’environnement en France, vient de terminer une expérimentation de 2 ans avec 13 producteurs de fruits et légumes et les résultats sont convaincants. Parmi ces producteurs, Angélique Delahaye, maraîchère à Saint-Martin-le-Beau en Indre-et-Loire, produit des salades, des concombres et des endives avec 47 employés. L’opération qu’elle a mené avec l’Ademe portait sur les endives avec une première mesure importante : effectuer un tri plus fin après la récolte. Elle explique que l’endive est séparée de sa racine par une scie circulaire et que cela peut faire perdre plusieurs feuilles au légume : « si on garde ces feuilles elles vont finir commercialisées et non plus dans la benne pour alimenter le bétail ».

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Le personnel a également été formé pour ne pas retirer les feuilles où il y a une saleté. Il s’agit de faire en sorte que tout ce qui est consommable reste sur l’endive. Le résultat est là selon elle : « il y a des lots où l’on a gagné 5% sans grande difficulté. On y passe un peu plus de temps mais bon an, mal an quand le produit se vend correctement c’est un plus pour nous ». Rien ne se perd, tout se transforme, y compris pour les racines des endives qui partaient jusque-là à l’alimentation du bétail. La productrice a même trouvé un cuisinier dans un collège qui récupère les racines des légumes pour en faire une recette à destination de la cantine.

En moyenne, les quantités gaspillées ont été réduites de 30%

5 producteurs ont été suivis par l’Ademe. Pour ces stations, l’agence a travaillé, là aussi, sur le tri, le calibrage et sur une diversification des circuits de commercialisation. Laurence Gouthière, en charge de la lutte contre le gaspillage pour l’Ademe affirme qu’il y a de plus en plus de circuits spécialisés qui se développent. C’est le cas des épiceries anti-gaspillage qui proposent à moindre coût des produits standards. L’exemple le plus commun est sans doute celui d’une carotte tordue. Selon elle, « plutôt que d’écarter ces produits, on va les vendre à un prix plus attractif et cela sera toujours plus intéressant que de les jeter ». Pour les producteurs la vente directe à la ferme a été développée.

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En moyenne, les quantités gaspillées ont été réduites de 30%. Cela a permis d’économiser plus de 300 000 euros par an et par producteur. 30% c’est déjà bien mais pour faire plus il faudra un changement de pratiques, y compris chez les consommateurs. Laurence Gouthière affirme que « le consommateur doit être plus enclin à consommer des produits moins standards pour que le producteur propose ces produits dans des circuits alternatifs ». Cela passe donc par une évolution des pratiques des consommateurs, mais elle ne se décrètera pas du jour au lendemain. La France s’est engagée à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025.

 

Baptiste Gaborit 

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