Toyota a conforté en 2021 sa place de numéro un mondial de l’automobile. Les chiffres sont là et ils sont sans appel. L’an dernier, le colosse japonais a vendu un peu plus de 10,5 millions de voitures particulières et petits utilitaires.
Toyota a retrouvé des niveaux de ventes comparables à ceux de 2018 ou 2019, avant la crise du Covid
En dépit de la crise sanitaire globale qui a affecté la production et les livraisons et qui a pesé sur la demande, le groupe japonais a vu ses ventes bondir de 10%. Dans le même temps, Volkswagen, l’ex-numéro un mondial, qui avait déjà perdu sa couronne en 2020, a vu ses ventes reculer de presque 5%. Toyota a retrouvé des niveaux de ventes comparables à ceux de 2018 ou 2019 avant la crise Covid alors que son rival allemand est passé de presque 11 millions de voitures il y a deux ans, à moins de 9 millions.
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Mais pourquoi est-ce que Toyota résiste beaucoup mieux ? Sur la durée, c’est la présence mondiale, la qualité des véhicules, le design, le prix, le réseau de distribution qui font la différence entre les constructeurs. Mais l’an dernier, je pense que c’est la force industrielle de Toyota qui lui a permis de creuser l’écart. Avec les confinements, on a manqué de plein de composants, il y a eu des pénuries de semi-conducteurs et beaucoup de constructeurs n’ont pas pu fabriquer autant de voitures que ce qu’ils souhaitaient. Une voiture, c’est comme un puzzle ou du Lego, il suffit qu’une seule pièce vous manque et le véhicule ne peut pas être terminé. La force de Toyota est que l’entreprise a tiré les leçons de la désorganisation de sa production au lendemain du tsunami asiatique de 2011. Depuis, le roi du « juste à temps » a diversifié sa base de fournisseurs et il a appris à bien gérer ses stocks mais aussi ceux de ses propres sous-traitants. Quand la chaîne d’approvisionnement mondiale s’est grippée, le groupe était prêt alors que leurs concurrents se sont pris les pieds dans le tapis.
General Motors, Volkswagen et Renault Nissan ont connu des crises profondes
On est dans une période très compliquée pour l’automobile : nous sommes au milieu d’une révolution électrique et digitale et la crise conjoncturelle actuelle joue un rôle d’accélérateur. Elle va peut-être permettre de faire le tri, de faire la différence entre les gagnants et les perdants. Pour les perdants, c’est un peu trop tôt pour tirer des conclusions car il faudra voir qui fait du surplace quand la demande repartira ou quand les subventions baisseront pour les voitures électriques et qu’il faudra être très compétitif. Mais pour les gagnants, on sait déjà qu’on aura incontestablement Tesla, les constructeurs chinois qui sont tirés par un marché domestique et le boom de la voiture électrique. Mais il y a aussi Toyota.
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L’an dernier, l’industriel japonais a doublé pour la première fois, le champion General Motors aux Etats-Unis et ses ventes ont bondi de 9% en Europe sur un marché en recul. Avec l’avance prise dans l’hybride, Toyota a aussi un coup d’avance sur beaucoup de concurrents même s’ils doivent maintenant accélérer dans l’électrique. Dans l’automobile il y a ce qu’on appelle la malédiction du numéro un. C’est quand ils étaient tout en haut que General Motors, Volkswagen et Renault-Nissan ont connu des crises profondes. Donc chez Toyota, on a le leadership modeste.
David Barroux