Le PDG de SEB, Thierry de la Tour d’Artaise va prendre un peu de recul, puisque le spécialiste de l’électroménager nomme un nouveau DG, Stanislas de Gramont. C’est l’occasion de rendre hommage à ce patron qui ne sera plus que président.
Thierry de la Tour d’Artaise a fait beaucoup pour l’industrie française
Tout le monde connaît les marques du groupe SEB. On a tous chez nous une cocotte-minute, une poêle Tefal, un grille-pain Moulinex, une machine à café Krups, un aspirateur Rowenta ou un fer à repasser Calor. Mais rares sont ceux qui connaissent Thierry de la Tour d’Artaise. Et pourtant, en un peu plus de 20 ans aux commandes de ce groupe né il y a 165 ans en Bourgogne, ce patron marié à une héritière des fondateurs a fait beaucoup pour SEB, beaucoup pour notre industrie et même beaucoup pour la France.
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SEB, c’est un ovni, une erreur, une anomalie. Normalement le champion du petit électroménager devrait être un acteur chinois ou un industriel allemand. Et en fait c’est SEB qui est le numéro deux mondial et c’est même un poids lourd des ventes d’autocuiseurs, les fameux rice cooker, en Chine. SEB est le contre-exemple parfait. En France, normalement, on a des PME et des multinationales mais pas des ETI (entreprises de taille intermédiaire) qui grandissent. SEB est passé de 2 à 8 milliards d’euros en 20 ans. Il dégage une marge de 10%. Et il a encore 11 de ses 41 usines mondiales en France.
Seb sait intégrer et développer les marques qu’il rachète en y intégrant des produits innovants
La recette de SEB comporte plusieurs ingrédients : un actionnariat familial, qui lui donne une stabilité et le temps de prendre des risques. Les dirigeants ont multiplié les opérations de croissance externe. Il y a 20 ans, ils rachetaient Moulinex alors en faillite, mais ils ont racheté depuis 17 autres marques dans le monde. C’est un groupe à la fois très global et très local, qui peut s’appuyer sur des marques qui résonnent localement et dont ils peuvent enrichir l’offre. En fait, un peu comme L’Oréal dans les cosmétiques ou LVMH dans le luxe, SEB sait intégrer et développer les marques qu’il rachète en y intégrant des produits innovants qu’il lance partout.
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SEB arrive à faire grandir ses marques en renouvelant l’offre pour stimuler la demande. Ensuite, comme le groupe est dans un secteur très compétitif et très sensible aux prix, il a automatisé sa fabrication. Et puis dernier point, il est très proche du consommateur final. Il sent bien les évolutions de la demande, il avait vu venir le succès de Nespresso et a accompagné Nestlé dans cette aventure dès le début, mais il sent aussi les tendances comme « le fait maison », le recyclage ou la réparabilité. Et puis enfin tous les cuisiniers vous le diront : la recette et les ingrédients ça compte, mais il faut aussi un bon chef et Thierry de la Tour d’Artaise aura incontestablement été un grand chef.
David Barroux