Le salon nautique ouvre ses portes pour 10 jours demain à Paris. Mais comment va la filière nautique tricolore ?
Sur certains segments du nautisme, la demande a même doublé par rapport à 2019
La filière nautique tricolore se porte bien. Hier, je vous disais que les cuisinistes avaient vu leur activité progresser très fortement en dépit de la crise sanitaire. Pour les industriels français du nautisme, c’est le même constat. Il y a une crise sanitaire mais il n’y a pas une crise économique. Du coup le consommateur a de nouvelles envies et il a les moyens de se faire plaisir. Les nouvelles envies sont par exemple, de mettre l’accent sur les activités au grand air. Dans le tourisme on a été contraint de rester en grande partie en France. Comme il y a du pouvoir d’achat, ceux qui avaient déjà une résidence secondaire au bord de la mer ou d’un lac ont été nombreux à vouloir s’offrir un voilier ou un bateau à moteur. On peut d’ailleurs le voir dans les chiffres.
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Sur certains segments du nautisme, la demande a même doublé par rapport à 2019. Le directeur général du fabricant Fountaine-Pajot qui est interviewé ce matin dans Les Echos, dit à ma consœur Anne Feitz, qu’il n’avait pas connu un tel dynamisme depuis plus de 15 ans. On est parti pour approcher la barre des 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France et on sera nettement au-dessus de 2019 et c’est très important car le nautisme représente plus de 40 000 emplois directs en France qui travaillent à 80% pour l’exportation. La bonne nouvelle est que cette bonne tendance se retrouve un peu partout dans le monde et l’envie de bateau n’est pas que tricolore.
Les industriels du nautisme ont du mal à recruter
Je ne dis pas que la filière n’a aucun problème. Mais ce sont essentiellement des problèmes de riches. Le premier est que comme dans l’automobile, il leur manque des composants électroniques. Or dans un bateau aujourd’hui il y a des semi-conducteurs. Pour la navigation GPS, pour certaines commandes électroniques il y a aussi de la tension sur les polyesters et les résines. Du coup, les délais s’allongent. Il est difficile de dire à un client qui dépense plusieurs dizaines ou centaines de milliers d’euros qu’il n’aura pas forcément son joujou pour l’été. L’autre mauvaise nouvelle est que comme dans beaucoup de secteurs, les industriels du nautisme ont du mal à recruter. C’est un vrai problème.
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Enfin, même quand les industriels trouvent des ouvriers et obtiennent des pièces et de la matière première, les coûts salariaux et les prix ont grimpé et la filière a dû se retrouver dans une sorte de spirale inflationniste. Les prix de vente ont déjà grimpé entre deux et trois fois dans l’année chez certains constructeurs et la hausse va se poursuivre en 2022. Pour l’instant cela passe auprès des clients car la demande est forte. Mais dans une industrie relativement cyclique comme le nautisme, il faut en profiter quand le vent est porteur mais il ne faut pas prendre trop de risques sinon on risque de chavirer.
David Barroux