L’Etat français ne veut pas que le québécois Couche-Tard rachète Carrefour. Ce groupe, roi des « dépanneurs », ces petits supermarchés d’appoint qui ne ferment pas, et qui contrôle aussi des stations-services, voulait racheter Carrefour. Et hier soir Bruno le Maire, le ministre de l’Economie, a dit à la télévision que l’Etat bloquerait cette opération.
Carrefour est avec Leclerc le premier distributeur français
L’Etat peut bloquer le rachat car il dispose d’un droit de veto sur les investissements étrangers dans les secteurs dits stratégiques. Et l’alimentation et la distribution sont aux yeux du gouvernement un sujet de souveraineté alimentaire. Si on veut essayer de comprendre le gouvernement, on peut rappeler que Carrefour est le premier employeur français. Il fait travailler plus de 100.000 salariés. C’est un groupe qui a été très actif pendant la crise sanitaire.
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C’est avec Leclerc, le premier distributeur français, un grand groupe tricolore, qui s’est engagé en faveur des jeunes. Et enfin c’est un partenaire de nos agriculteurs. Ce n’est donc pas une entreprise totalement comme les autres, et en cas de crise, il est sûr que si Bercy appelle un patron basé en France il a plus de chance d’avoir une réponse que si le patron est basé de l’autre côté de l’Atlantique.
« Le Canada a vendu Bombardier, un de ses fleurons, à Airbus et Alstom. Mais lui n’a pas le droit d’investir chez nous! »
Est-ce qu’il y a de mauvaises raisons de bloquer ce deal ? Il y en a beaucoup plus. Carrefour n’est pas un fabricant de sous-marins nucléaires, c’est un simple distributeur, comme Lidl ou Amazon qui sont des groupes étrangers et ça ne dérange personne. C’est aussi un groupe dont l’essentiel des emplois ne sont pas délocalisables. C’est pas une entreprise qui emploie des chercheurs, qui dépose des brevets et qui exporte depuis la France.
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Et puis il ne faut pas diaboliser le candidat québécois. S’il rachète Carrefour, c’est pas pour vider les magasins ou nous obliger à ne manger que du sirop d’érable. Ce veto est même insultant. Le Canada a vendu Bombardier, un de ses fleurons, à Airbus et Alstom. Mais lui n’a pas le droit d’investir chez nous! Emmanuel Macron accueille les investisseurs étrangers à Versailles pour leur ouvrir la porte et là, on leur claque la porte au nez, alors qu’ils voulaient investir dans Carrefour pour le développer. Ca me semble aussi dingue que la journée d’hier.
David Barroux