Loi anti-Amazon : Les députés veulent un prix-plancher pour les livraisons de livres

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L’Assemblée nationale examine ce 29 septembre un projet de loi pour la défense des librairies que l’on surnomme déjà « la loi anti-Amazon ».

Amazon avait déjà été obligé de faire payer la livraison de ses livres en 2014

On vient de fêter les 40 ans de la loi Lang sur le prix du livre unique. Une loi passée en 1981, après l’arrivée des socialistes au pouvoir et qui a contribué à sauver les petites librairies indépendantes. Dans les pays dans lesquels le prix du livre est libre, les hypermarchés passent des commandes importantes sur les best-sellers et cassent les prix sur des ouvrages qui ne sont pour eux que des produits d’appel. Les hypermarchés n’ont pas besoin de faire de marge sur les best-sellers, mais c’est le cas des libraires. Si les lecteurs achètent les gros tirages en supermarché, parce que c’est moins cher, les libraires finissent par vendre beaucoup moins de livres et par mettre la clef sous la porte. Il ne reste que des petits rayons de livres dans des grandes surfaces qui ne les défendent pas.

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Si par contre on ne peut pas casser les prix sur le livre et qu’il est vendu partout au même prix, cela protège les libraires. C’est ce qu’il s’est passé pendant trente ans, sauf qu’Amazon complique la donne. Amazon vend les livres au même prix que les libraires mais ne facture pas la livraison à son vrai coût. Le résultat est que l’entreprise offre un vrai service qui concurrence les libraires qui eux, n’arrivent pas à s’aligner. Amazon est souvent plus pratique, plus rapide et au final pas plus cher. Pour les libraires et les autres sites de e-commerce, Amazon pratique une forme de « dumping » c’est à dire de la vente à perte. C’est en fait de la concurrence déloyale. Le gouvernement avait déjà obligé Amazon à faire payer la livraison en 2014 mais le géant américain facture la livraison seulement 1 centime d’euros. Les parlementaires vont donc voter une nouvelle loi qui va obliger Amazon à réellement faire payer sa livraison.

 

La part de marché d’Amazon dans le secteur du livre tournerait autour de 10%

La Loi Lang a atteint son objectif. Elle a permis de sauver les librairies indépendantes. Il y en a plus de 20.000 en France et une dans toutes les villes de plus de 10.000 habitants. La culture n’est pas un secteur marchand totalement comme les autres. Il peut y avoir des exceptions aux règles de l’économie de marché au nom de l’exception culturelle. Amazon qui est né comme un libraire à distance, a aujourd’hui tellement diversifié son offre que le groupe pourrait faire un effort sur le livre. Sa part de marché tournerait autour de 10%. Il n’y a pas des librairies partout, aucune librairie n’a autant de choix qu’Amazon et tous les libraires ne sont pas aussi efficaces dans la livraison. Si demain il est décidé que toutes les livraisons de livres doivent coûter plusieurs euros (entre deux à cinq euros par envoi), on augmentera le prix de la lecture pour certains. Il y a donc un risque que l’on vende moins de livres. Quand le sujet est compliqué, il est rare qu’il y ait des réponses simples.

David Barroux

 

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