Livraisons de courses ultra-rapides : Faut-il aller toujours plus vite ?

istock

Un mot d’ordre dans la presse aujourd’hui : toujours plus vite. La une de Libération pourrait nous inspirer : le quotidien titre Livraisons Express, les courses contre la montre. Le journal analyse le boom des produits livrés en 10 minutes à domicile, c’est ce que promettent plusieurs start-up dans les grandes villes.

Paul Quinio s’interroge : cette garantie de la livraison en 10 minutes n’a-t-elle pas quelque chose d’infantilisant ?

Avoir tout et tout de suite, c’est le nouveau marché. Exemple avec Cajoo, service de livraison fondé en février dernier. Dans ce qu’on appelle un dark store, une boutique sans vitrine, des petites mains empaquettent des pâtes, des fruits, des légumes, des croquettes pour le chat, charge ensuite à des livreurs à vélo d’apporter les paquets en 10 minutes dans un rayon de 2km. Plus besoin de se déplacer, possibilité de trouver un ingrédient au dernier moment, on peut improviser et les prix sont à peine plus élevés qu’en supermarché, on appelle ça le quick commerce, qui s’accompagne d’un discours plus ou moins social pour ceux qui pédalent.

A lire aussi

 

CDI ou autoentrepreneurs, l’image de la livraison en moins de 10 minutes doit être cool pour que le bobo des villes ait la conscience tranquille. Le développement de l’ultra rapide est remis en question par l’éditorialiste de Libération Paul Quinio. Première question : « où s’arrêtera cette course de vitesse de la satisfaction de nos désirs, cette vitesse XXL n’est-elle pas le carburant de la surconsommation ? Est-il interdit de lui préférer la lenteur ? Cette garantie de la livraison en 10 minutes n’a-t-elle pas quelque chose d’infantilisant ? » conclut l’éditorialiste de Libération. On pourra y ajouter une autre question : c’est curieux, non, ces citadins -souvent des célibataires ou des jeunes couples qui votent écolo- qui plébiscitent le sans-voiture et laissent pédaler des hordes de livreurs pour nous apporter tout et tout de suite ?

Le projet est de faire en sorte que le groupe ADP, la RATP et la région positionnent Paris comme une référence sur le marché mondial de la mobilité aérienne

Ouvrez les Echos et vous trouverez un autre exemple de cette accélération absurde mise au service du chronomètre et de la surconsommation : l’hélicoptère urbain. Paris rêve de taxis volants pour 2024. Et cette question : Paris gagnera-t-elle la médaille d’or de la mobilité aérienne d’ici 3 ans ? Le projet est de faire en sorte que le groupe ADP, la RATP et la région positionnent Paris comme une référence sur le marché mondial de la mobilité aérienne. Alors évidemment, les partis prenantes promettent des vols sans émission, un marché de 4, 2 millions d’euros, 3 000 à 3 500 aéronefs sans oublier 90 000 emplois. On parle de vertiport, de limiter le bruit en faisant voler les hélicos électriques au-dessus des axes déjà bruyants, comme ça le bruit de la circulation couvrira celui des taxis volant, c’est écrit noir sur blanc dans Les Echos. Le prix de la course ? Entre 100 et 200 euros. Technologiquement on n’y est pas encore : les batteries sont chères, pas au point et l’autonomie est faibles. Bref, un projet pour aller plus vite toujours, un projet pour désencombrer Paris tout en encombrant le ciel de Paris.

David Abiker

 

Retrouvez la Revue de presse