C’est l’effet inattendu de la pandémie de coronavirus. Avec la chute de la demande, les pays producteurs ne savent plus quoi faire de leur pétrole. Certains paient même leurs clients pour qu’ils les délestent de leurs surplus.
90% des cuves, réservoirs et dépôts de pétrole sont déjà pleins ou réservés
C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé. La Russie et l’Arabie Saoudite se sont engagées il y a quelques semaines dans une guerre de l’or noir, qui a précipité les prix du pétrole à un plus bas niveau depuis 18 ans. Les deux géants pétroliers ont en effet ouvert en grand les robinets de l’or noir, à un moment où la demande de pétrole plongeait en raison du confinement d’une grande partie de l’humanité. La demande chute alors que l’offre augmente.
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Résultats, les barils de pétrole s’entassent et de nombreux pays arrivent aujourd’hui à court de capacité de stockage ! Selon des estimations, citées par Vincent Collen dans Les Echos, 90 % des cuves, des réservoirs et des dépôts de pétrole sont pleins ou réservés pour la production en cours. Même les oléoducs et les wagons de chemin de fer ont fait le plein… Dans deux mois et demi, la barre des 100 % pourrait être atteinte si rien ne change.
Le monde ne sait plus où stocker le pétrole https://t.co/0852aoOHwS
— Les Echos Finance (@EchosFinance) April 7, 2020
Tous les producteurs n’ont pas de capacité de stockage extensible et doivent donc louer des cuves mais aussi des pétroliers, les fameux supertankers. Ces bateaux longs de 400 mètres, qui peuvent transporter jusqu’à 2 millions de baril, sont en train de se transformer en entrepôts flottants et, au vu des tarifs, on serait tenté de parler de palace flottant. Un exemple : début mars, la location à la journée d’un supertanker ne coûtait que 30.000 dollars.
Une réunion très attendue, ce soir, entre la Russie et les membres de l’OPEP
Aujourd’hui, il faut sortir jusqu’à 150.000 dollars par jour, soient 5 fois plus. Cela devient très compliqué pour les pays producteurs de gagner de l’argent. Ce sont les pays consommateurs qui en profitent, puisque les capacités excédentaires louées à prix d’or sont surtout situées aux Etats-Unis, au Japon, en Corée du Sud et évidemment en Chine, l’un des principaux consommateurs du monde.
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La crise économique due au coronavirus chamboule les marchés pétroliers, au point que certains cas le prix devient négatif. La demande de pétrole pourrait chuter au deuxième trimestre de 20 à 30 %. Cela représente près de 30 millions de baril par jour ; ce qui est considérable. Beaucoup de raffineries ont cessé de produire de l’essence mais malgré cela, les producteurs ont du mal à trouver des acheteurs et certains sont même prêts à offrir de l’argent à quiconque les débarrassera de ces barils en trop.
Poutine se prépare à une volte-face sur le pétrole https://t.co/K1Htib5AEr
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Le coût du stockage est tel, que parfois, ils perdent moins d’argent en les vendant à prix négatif. C’est dire si la réunion de ce soir, entre les pays membre de l’OPEP et la Russie, est très attendue. Un bon accord de réduction de la production pourrait aider au rebond des prix du pétrole. Dans le cas contraire, le choc pourrait être dévastateur.
Pierrick Fay