L’Egypte confirme l’achat de 30 Rafale : une vente cruciale pour la France

Sur un terrain purement géopolitique ou militaire, je ne porte pas de jugement. Les ventes d’armes dans le monde sont au plus haut et il y a incontestablement une montée des tensions. Je sais bien que l’on dit que pour préparer la paix, il faut préparer la guerre mais on peut s’inquiéter de voir les pays s’armer. Mais sur un plan budgétaire ou économique, les choses sont claires : la France n’a pas les moyens de se payer un avion de combat juste pour elle.

Le Rafale est loin d’avoir le succès de ses prédécesseurs de la famille Mirage mais on peut quand même parler d’une vraie réussite

Développer un tel avion coûte au moins 40 à 50 milliards et pour amortir cet investissement, avant de le rentabiliser, il faut que la France arrive à exporter son chasseur. Notre souveraineté dépend de notre capacité à convaincre d’autres armées du monde de faire le pari du made in France. On est en train de remporter ce pari. Le Rafale a été lancé au début du siècle, et au départ, on peut se dire que l’avion semblait maudit. Dassault, qui avait engrangé de superbes victoires sur le marché mondial avec son Mirage 2000 et son Mirage III a mis très longtemps à signer un premier contrat export.

 

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Ce n’est qu’en 2015 que le Qatar nous a acheté des premiers exemplaires, un geste absolument crucial pour équilibrer les comptes de Dassault sans que cela coûte encore des milliards et des milliards à la France. Depuis, on peut dire qu’une forme de malédiction a été vaincue. Le Rafale est loin d’avoir le succès de ses prédécesseurs de la famille Mirage mais on peut quand même parler d’une vraie réussite puisqu’on aura bientôt des contrats pour au total 144 commandes internationales contre 192 commandes tricolores.

 

Plus de 1000 Rafale ont été vendus pendant la guerre froide

Dassault considère que le Rafale est le meilleur chasseur, le plus polyvalent, adapté pour toutes les missions. Les concurrents sont souvent moins bons ou beaucoup plus chers, ou alors ils ont accumulé des retards. Si la France exporte des chasseurs aujourd’hui c’est parce qu’elle en a vendu plus de 1.000 dans pas mal de pays à l’époque de la Guerre froide. Et les Indiens, les Grecs ou les Egyptiens qui sont des clients d’hier peuvent plus facilement devenir des clients d’aujourd’hui.

 

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Il y a enfin toujours une composante géopolitique. Quand le Qatar ou l’Egypte passent une commande c’est parce qu’ils ne veulent pas dépendre que d’un allié américain, russe ou autre. Maintenant sur le long terme, l’enjeu ce n’est pas seulement de bien vendre nos chasseurs, c’est aussi en amont de trouver des alliés en Europe pour ne pas le produire tout seul. Aujourd’hui il y a trop de concurrence entre Européens pour un marché trop petit. On doit s’entendre pour la prochaine génération.

David Barroux

 

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