Il n’y a pas que le prix de la baguette qui risque d’augmenter, le riz est aussi sous tension et c’est une conséquence de l’augmentation du prix du gaz.
Le prix des engrais s’envole sur les marchés mondiaux
Si cette hausse des prix du riz peut surprendre, c’est en fait une conséquence assez logique. Pour faire pousser du riz les agriculteurs d’Asie utilisent des engrais. Or, le prix des engrais s’envole sur les marchés mondiaux pour une raison simple : plusieurs usines d’ammoniac en Europe et dans le monde – l’un des composant clé des engrais azotés – ont stoppé leur production fin septembre en raison de la flambée des prix du gaz naturel qui est indispensable pour la fabrication de cet engrais. Les industriels le justifiaient par le fait que cela n’était pas économiquement viable. L’Europe a donc dû importer de l’ammoniac d’autres parties du monde et la conséquence est l’augmentation de ces prix.
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En un an, les prix ont quasiment été augmenté par trois et ils se répercutent sur le prix des engrais. Le cours de référence aux Etats-Unis a dépassé la barre des 1000 dollars, des prix jamais vu depuis la crise de 2008. Les coûts de production des riziculteurs de Thaïlande, d’Inde ou du Vietnam augmentent aussi alors que l’on entre dans la période de semis, le moment où il y a le plus besoin d’engrais. En Thaïlande, la tonne de riz coûte environ 400 dollars : un niveau historiquement bas. La raison est simple puisque la récolte 2021 a été très bonne. La FAO (l’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) s’attend d’ailleurs à une production de 520 millions de tonnes, une production légèrement supérieure à la récolte record de 2020. Mais si celle de 2021 devait être décevante en raison notamment de la réduction de l’utilisation des engrais, cela pourrait mettre les prix de la céréale sous pression.
En 2008 le cours du riz thaïlandais avait flambé provoquant des émeutes de la faim
Le riz est la céréale la plus consommée dans le monde. C’est l’aliment de base de la moitié de l’humanité, surtout en Amérique du sud, en Afrique et bien sûr en Asie. La stabilité de son prix est donc essentielle pour la sécurité alimentaire de la planète. En 2008, le cours du riz thaïlandais avait flambé atteignant 1000 dollars la tonne, provoquant des émeutes de la faim en Afrique mais aussi au Pérou ou en Bolivie.
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Le riz n’est pas le seul produit utilisant des engrais. L’agence de notation Fitch s’en est inquiété récemment : « l’agriculture pourrait faire face à des pénuries d’engrais et à des prix élevés » ce qui pourrait renchérir les coûts des récoltes la saison prochaine. Pour les céréales c’est déjà le cas, les prix du maïs, du soja ou du blé ont déjà augmenté dans le monde en raison d’une météo défavorable. L’indice des prix alimentaire de la FAO est revenu à son plus haut niveau depuis 10 ans. A l’époque, la flambée des prix avait provoqué des agitations sociales en Algérie, en Egypte ou encore au Mexique.
Pierrick Fay