Huawei, banni des Etats-Unis, affiche une santé de fer

C’était l’un des points culminants de la guerre commerciale menée par Donald Trump contre la Chine : la mise au ban du géant Huawei. Le géant chinois de l’électronique affiche pourtant aujourd’hui une santé de fer.

Donald Trump avait décrété un embargo sur Huawei

Avant la pandémie, le plus grand danger venu de Chine, selon Donald Trump, était Huawei. C’est vrai que la suprématie technologique du géant chinois commençait à devenir problématique. Les experts du monde des télécoms le disaient publiquement, et les grands patrons des opérateurs le reconnaissaient, en off, les meilleurs sur la 5G, ce sont les Chinois de Huawei. Ils étaient capables d’être plus avancés que les équipementiers européens Ericsson et Nokia, tout en étant moins chers. L’Occident avait à ce moment-là pris conscience une nouvelle fois que la Chine n’était plus forcément un pays qui copie en moins bien, mais bien un pays qui innove et reste compétitif sur les prix. Mais il s’agit d’équipements aussi sensibles que des antennes-relais et ce qu’on appelle des coeurs de réseau de la 5G, c’est-à-dire l’équivalent d’un central téléphonique des années 2020, là où transitent toutes les communications et les données mobiles.

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En France aussi on s’est inquiété, et l’Etat a chaudement dissuadé Orange, Free, SFR et Bouygues Telecom d’acheter chinois. La crainte était moins celle d’un piratage ou d’un espionnage, que du fait qu’on laissait à un acteur chinois, créé par un ancien de l’armée rouge chinoise, la main sur un interrupteur géant, celui de nos communications. Donald Trump a alors sorti l’arme économique totale, l’embargo, avec interdiction pour les entreprises américaines de traiter avec Huawei. Google a donc arrêté de fournir son système Android et toutes les applications qui s’y trouvent. Mais nous voilà trois ans plus tard, avec un Huawei qui aurait dû mourir, et qui annonce un bénéfice record de 16 milliards d’euros.

 

Huawei est numéro 3 mondial du secteur, derrière Samsung et Apple

Comment ce groupe chinois a réussi à se relever ? Par sa capacité à investir, à remettre tout à zéro, et à pouvoir compter sur le gigantesque marché intérieur de la Chine. Huawei, qui pouvait compter sur le système Android quasi-gratuit, a travaillé à partir de rien pour créer son propre système d’exploitation, c’est-à-dire le logiciel de base qui fait tourner ses smartphones. Alors certes, le Chinois, qui était le numéro 3 mondial du secteur, derrière Samsung et Apple, a été rétrogradé dans les tréfonds du classement, mais son nouveau logiciel, baptisé Harmony, tout neuf, est déjà très utilisé en Chine, avec 220 millions de clients. Il espère en conquérir 400 millions.

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Pour réussir ce tour de force, Huawei a investi en masse, 22 milliards de dollars de R&D. C’est entre un cinquième et un quart de ses revenus. Sur dix ans, ça représente même 132 milliards. Et puis Huawei s’est retourné vers d’autres piliers de croissance, à commencer par le cloud. En fin de compte, Huawei avec Harmony est déjà une alternative crédible à Android et à iOS, le système d’Apple. Quelque part, avec cet embargo, Donald Trump a pensé jeter Huawei dans la mer pour le noyer, mais Huawei a appris à nager, voire à construire son propre sous-marin, et en ressort plus fort qu’avant.

François Geffrier

Ecoutez François Geffrier (à 5’30)

 

 

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