Guerre en Ukraine : TotalEnergies maintient ses activités en Russie, malgré une forte pression

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Alors que la guerre s’intensifie en Ukraine, le groupe français TotalEnergies annonce qu’il maintient pourtant ses activités en Russie.

La Russie représente près d’un quart des réserves de pétrole et de gaz de TotalEnergies

C’est un exercice d’équilibriste auquel s’est livré le groupe français. TotalEnergies va rester en Russie, tout en indiquant approuver l’étendue et la force des sanctions mises en place par les pays occidentaux en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. C’est une façon de ménager la chèvre et le chou et surtout de ne pas insulter l’avenir. Le groupe, qui condamne « l’agression militaire russe envers l’Ukraine » et « exprime sa solidarité » envers les Ukrainiens, n’abandonne donc pas ses intérêts en Russie mais annonce qu’il n’apportera plus de capital à de nouveaux projets dans le pays. C’est donc un gel de ses investissements. TotalEnergies est présent dans le pétrole, le gaz naturel liquéfié mais aussi dans l’électricité et les énergies renouvelables. Le groupe détient près de 20% de Novatek, une entreprise dont le président est réputé proche du Kremlin. La Russie représente près d’un quart des réserves prouvées de pétrole et de gaz de TotalEnergies. Ce n’est pas négligeable même si le groupe indique ne réaliser que 3 à 5% de ses revenus totaux dans ce pays.

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Le groupe pétrolier français est à contre-courant en Europe.Total reste, mais pas les Britanniques BP et Shell ou le norvégien Equinor, qui ont annoncé cette semaine, d’importants désinvestissements dans les groupes pétroliers ou gaziers russes Rosneft et Gazprom. Ce sont deux sociétés publiques dirigées par des proches de Vladimir Poutine, là où Novatek est une société privée qui ne contribue pas directement au budget de l’Etat russe. C’est ce qu’explique un observateur interrogé par Les Echos. TotalEnergies a investi en Russie dès la chute de l’URSS en 1991 et l’entreprise est présente sur deux projets cruciaux dans le gaz naturel liquéfié. Des projets qui intéressent les Indiens et les Chinois, qui n’auraient sans doute aucun scrupule à prendre la place de Total dans le capital. La pression reste donc forte sur le groupe français.

Bruno Le Maire a prévu de s’entretenir avec Patrick Pouyanné

Il y a un problème de principe pour les entreprises occidentales, à travailler avec toute personnalité politique ou économique proche du pouvoir russe. C’est ce qu’a déclaré le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, peu avant la communication de Total. Le ministre a d’ailleurs prévu de s’entretenir prochainement avec Patrick Pouyanné le président de TotalEnergies, dont l’action a perdu près de 10% depuis le début du conflit. Sous la pression des ONG, Total est récemment sorti de Birmanie après de nombreuses critiques pour avoir maintenu ses activités suite à la reprise du pouvoir par la junte. Le groupe pourra-t-il tenir sa position si le conflit s’intensifie avec la Russie ? La question est posée même si pour l’instant, les sanctions européennes évitent de toucher le secteur pétrolier. En attendant, le groupe a indiqué qu’il se mobilisait pour fournir du carburant aux autorités ukrainiennes et de l’aide aux réfugiés ukrainiens en Europe.

Pierrick Fay

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