Eolien en mer : La France veut rattraper son retard

Le gouvernement vient de lancer un huitième appel d’offres pour lancer un nouveau champ d’éoliennes dit off-shore. Ce sont des éoliennes géantes qui tournent à plusieurs kilomètres de la cote. Elles sont reliées par des lignes électriques, et peuvent produire 60% de plus que des éoliennes terrestres. Voilà qui semble intéressant sur le papier, mais pour l’instant il n’y a pas un seul de ces champs off-shore qui fonctionne en France, alors qu’on en compte déjà plus de 5 000 éoliennes marines en Europe.

Eolien en mer : on voudrait des énergies renouvelables mais à toute petite échelle

Comment s’explique ce retard français ? La volonté politique a un peu tardé. On a souvent dit que dans une France de l’électricité dominée par EDF et le lobby du nucléaire, on a longtemps méprisé les énergies renouvelables. Ce n’est plus vrai depuis dix ans, on a lancé les premiers appels d’offres pour stimuler l’investissement en s’engageant sur des tarifs de rachat de l’électricité ainsi produite. Mais la France c’est aussi le paradis des recours. Quel que soit le projet, il y a toujours un opposant. En ce moment à Saint-Brieuc, les pêcheurs de coquille Saint Jacques menacent de tout bloquer alors que le projet est autorisé.

 

A lire aussi

 

On est en pleine contradiction écologique. Chez nous, on ne veut plus du charbon ou de gaz, on ne veut pas du nucléaire ou de nouveaux barrages. Et on voudrait des énergies renouvelables mais à toute petite échelle alors qu’il faut de vraies fermes solaires et de gigantesques champs d’éoliennes. On doit passer à l’échelle industrielle en imposant des compromis qui ne feront pas que des gagnants mais qui profiteront à la collectivité.

Les seuls gagnants se sont les défenseurs de la décroissance

La France a toutes les cartes en main pour rattraper son retard, avec la deuxième surface maritime au monde, et un véritable savoir-faire industriel : on sait fabriquer et poser de l’éolien en mer. Il y a de gigantesques besoins, avec un Etat prêt à financer pour amorcer la pompe. La loi a été revue  pour mieux encadrer les recours et raccourcir drastiquement les délais, mais pour l’instant on ne fait que perdre du temps. Des projets lancés il y a dix ans n’ont toujours pas abouti et on va devoir poser des éoliennes dont les technologies sont désormais dépassées car on ne peut pas modifier un projet en cours de route. Pour l’instant on fait du sur-place et les seuls gagnants se sont les défenseurs de la décroissance.

David Barroux

 

 

Retrouvez le Décryptage Economique