Daunat, Roland Montserrat, La Toque angevine : comment le cartel du sandwich a été démantelé

Ce sujet peut donner envie de rigoler, mais il n’a rien de drôle. L’Autorité de la concurrence est le gendarme qui surveille les entreprises et qui les sanctionne quand elles s’entendent sur le dos des consommateurs. C’est très sérieux car quand il y a une entente, ça veut dire que des entreprises s’accordent secrètement pour figer des parts de marché, pour maintenir des prix artificiellement élevés. Elles renoncent à la concurrence pour défendre leurs marges et le perdant c’est le consommateur qui paye plus cher que si les entreprises se battaient.

La Toque angevine, Daunat et Roland Monterrat se sont entendus sur les prix des sandwichs

Les rois du jambon beurre, ce sont trois entreprises : La Toque angevine, Daunat et Roland Monterrat. Toutes les trois elles contrôlent 90% du marché du sandwich vendu sous marque distributeur. Ca veut dire qu’elles font des jambon-fromage et des crudités mayo pour la grande distribution et les stations-services. Et de 2010 à 2016, les trois entreprises se sont entendues, les cadres se sont réunis, ils ont échangé des emails et des sms pour truquer les appels d’offres. Ils se répartissaient le marché et ne se faisaient pas concurrence. Du coup vous avez payé plus cher vos sandwich sur l’autoroute pendant de nombreuses années.

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L’Autorité de la Concurrence assure qu’elle tient compte de la santé des entreprises

Comment l’Autorité de la Concurrence a cassé ce cartel ?Il existe une procédure dite de clémence. Ca permet à une entreprise qui regrette ce qu’elle a fait ou qui a peur de se faire attraper d’aller voir le gendarme, de dénoncer le cartel et d’apporter des preuves. En échange, le délateur n’est pas condamné. Souvent c’est quand une entreprise est rachetée ou change de dirigeant que la nouvelle équipe préfère tirer un trait sur un passé dont ils ne sont pas responsables. Dans ce cas Roland Monterrat ne paye pas d’amende alors que les deux autres vont payer presque 25 millions d’amende. Les entreprises hurlent en disant que l’on attaque des entreprises fragiles. L’Autorité de la Concurrence répond, qu’elle tient compte de la santé des entreprises qu’elle ne veut pas tuer. Elle veut juste montrer que le crime ne paie pas. Elle cherche un effet dissuasif. Et la liste des sanctions ne cesse de s’allonger puisqu’elle a déjà sanctionné le cartel de la farine, des shampoings ou du jambon mais aussi des compotes, des yaourts ou du lino, l’électroménager, les télécoms mobiles. Mon seul regret c’est que c’est l’Etat qui empoche les amendes… Ca ne rapporte rien aux consommateurs.

David Barroux

 

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