Amazon ne peut plus vendre que des produits de première nécessité. Cette décision du tribunal de Nanterre donne raison à un syndicat, qui critiquait le manque de protections des salariés contre le coronavirus. Un coup dur, qui pourrait créer un précédent.
Amazon paie aussi son impopularité
C’est un jugement exceptionnel qu’a rendu le tribunal de Nanterre. Il a donné raison à un syndicat, qui estimait que le géant du commerce Amazon faisait courir trop de risques à ses salariés en cette période de coronavirus. Le tribunal n’est pas allé jusqu’à imposer la fermeture des entrepôts, mais il oblige le groupe de Jeff Bezos à ne livrer en France que des produits de première nécessité, comme de l’alimentation.
à lire aussi
En tous cas, tant qu’il n’aura pas pris en accord avec les instances représentatives du personnel et des mesures plus efficaces pour protéger ceux qui travaillent dans ses entrepôts. Pour Amazon, qui vend presque tout, mais pratiquement pas de produits alimentaires, c’est une catastrophe économique. D’un côté, l’entreprise dit qu’elle prend la température des salariés, qu’elle fournit du gel et des masques.
La justice oblige Amazon à ne livrer que des produits de première nécessité… Ecoutez le décryptage éco de @DavidBarroux #ClassiqueMatin https://t.co/c0SZYVoEzm pic.twitter.com/b872Xcwmne
— Radio Classique (@radioclassique) April 15, 2020
De l’autre, les syndicats et l’inspection du travail expliquent que ce n’est pas assez, que ce n’est pas assez clair, pas assez respecté… Qui croire ? Amazon paye le prix d’une forme d’impopularité. La société a un dialogue social tendu et a beaucoup d’ennemis, comme les librairies et leurs concurrents, qui les accusent de concurrence déloyale.
Fnac, Darty ou encore CDiscount peuvent continuer de vendre sans restrictions
Même le gouvernement aime bien, souvent, taper sur ce groupe américain qui appartient à un milliardaire. Ce qui m’inquiète, c’est que cette décision puisse créer une forme de précédent. Car on est face à 2 crises. Une crise sanitaire et une crise économique. La vie n’ayant pas de prix, on peut toujours dire qu’il faut tout arrêter pour tous nous sauver. Mais ce n’est pas réaliste.
On a besoin qu’un minimum d’activité se poursuive. Aujourd’hui, Amazon est critiqué parce que l’entreprise prendrait trop de risques, mais aussi parce qu’elle ne livre pas que des produits absolument nécessaires. Dans ce cas, on pourrait demain interdire la Fnac, Darty, Cdiscount et les sites spécialisés de vin ou d’habillement, dont les salariés devraient peut-être être tous confinés, plutôt que de livrer des ordinateurs, des livres, des machines à faire des yaourts ou des tondeuses.
Les enseignes des centres commerciaux n'ont, à ce stade, aucune perspective de réouverture ?
— Les Echos (@LesEchos) April 15, 2020
Il faut trouver le bon équilibre, ne pas basculer dans un nouveau principe de précaution excessif ; car sinon on va mettre toute la France en faillite et désespérer des Français qui ne peuvent déjà plus aller en boutique et qui ont quand même besoin et envie de consommer. Et puis, il ne faut pas oublier qu’Amazon ne fait que livrer des produits fabriqués par d’autres.
David Barroux