Le prix de l’essence bat des records et cela fait les affaires d’un carburant alternatif que l’on connaît mal mais qui marque des points : le bioéthanol.
Ford et Jaguar sont les seules marques à proposer des modèles au bioéthanol
Le bioéthanol c’est un peu comme le Canada Dry de notre enfance. Ce biocarburant ressemble à de l’essence, fonctionne comme de l’essence mais n’est pourtant pas de l’essence traditionnelle. Ce n’est pas un carburant tiré du pétrole mais un carburant tiré de matières premières agricoles. Au Brésil, ils utilisent par exemple de la canne à sucre. En France, nous utilisons essentiellement des betteraves. L’avantage de ce carburant est double : on a la matière première sous la main et on n’a pas besoin d’aller forer dans des pays étrangers, ensuite, cela coûte beaucoup moins cher et réduit potentiellement notre dépendance au pétrole importé.
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Si l’on veut voir le réservoir à moitié plein, ce carburant marche de mieux en mieux. En quatre ans, le volume de bioéthanol consommé en France a été multiplié par quatre. Mais si l’on veut voir le réservoir à moitié vide, il faut avouer que les volumes restent faibles. Aujourd’hui, les voitures qui roulent au bioéthanol ne consomment que 4% de l’essence en France, en sachant que l’essence ne représente que 25% du marché et que le diesel représente encore 75% de la consommation. Et pourtant le bioéthanol est très compétitif puisqu’il ne coûte que 75 centimes le litre, 1 euro de moins que le Super. Le problème est qu’il n’y pas pratiquement pas de modèles disponibles, seulement quelques-uns chez Ford et Jaguar. Le bioéthanol n’est proposé que dans un petit tiers des stations françaises. En revanche il progresse et surtout, on peut aussi couper l’essence traditionnelle à hauteur de 10% avec du bioéthanol. Le fameux SP95-E10 à la pompe- qui représente la moitié du marché de l’essence – contient du bioéthanol et cela représente la moitié des ventes d’essence. Cela vaut donc le coup de développer cette filière.
L’Europe limite la production de bioéthanol
Mais jusqu’où pourrait aller le bioéthanol ? A long terme, le pari est que l’on roulera tous à l’électrique. On aura donc plus besoin du bioéthanol. Mais ça n’est pas pour tout de suite. Cela vaudrait donc la peine d’en produire un peu plus mais nous sommes limités par la réglementation. En Europe, on ne veut pas que l’énergie vienne concurrencer l’alimentation. Par conséquent, le bioéthanol doit être tiré pour l’essentiel de produits agricoles qu’on n’aurait pas consommé pour l’alimentation. Et cela se comprend, on a la même logique pour les biogaz tirés de déchets.
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Au Brésil, où ils n’ont pas les mêmes contraintes, on assiste à une forme de dérive. Dès que le prix du pétrole monte, le cours du bioéthanol grimpe aussi et les producteurs de cannes à sucre préfèrent produire du carburant plutôt que du sucre. Ce n’est pas très bon pour la planète car cela accélère la déforestation, ni pour les consommateurs car cela fait grimper les cours du sucre. Le bioéthanol est à consommer avec une forme de modération. Entre « manger » et « rouler », il ne faut pas créer une forme de concurrence.
David Barroux