Cette fresque historique d’une rare intensité et d’une poésie unique se joue à la Seine Musicale jusqu’au 29 décembre. Elle est tirée d’un livre pour enfants, War Horse (Cheval de guerre), du britannique Michael Morpurgo, passé presque inaperçu lorsqu’il est paru en Angleterre au début des années 80.
War Horse : un poulain apprivoisé qui rappelle le renard du Petit Prince de Saint-Exupéry
C’est l’histoire bouleversante d’un jeune garçon dans une ferme du Devon, en Angleterre, dont le père – un ivrogne invétéré – achète sur un coup de tête un pur-sang indomptable. Si sa femme se lamente amèrement – un cheval de ce prix ne pourra jamais labourer -, son fils Albert, lui, se réjouit. Ce poulain, qu’il a nommé Joey, il va l’apprivoiser, comme le Petit Prince le renard, et en faire son meilleur ami. Mais en cet été 14, le monde n’a que faire de la tendresse d’un adolescent pour un cheval. L’Europe s’embrase, les armées s’apprêtent à s’affronter, et le père d’Albert, toujours avide de gagner quelques billets, vend Joey à un officier. Le voilà cheval de guerre, envoyé au front par bateau. Albert, désespéré, va s’enrôler malgré son trop jeune âge, pour tenter de le retrouver en France.
Des marionnettes de la Handspring Puppet Company
En 2007, cette poignante histoire d’amitié devient un spectacle au National Theatre de Londres. Impensable, bien entendu de mettre de véritables chevaux sur scène si l’on veut pouvoir représenter le bruit et la fureur des combats. Les metteurs en scène Marianne Elliott et Tom Morris ont l’idée de faire appel aux marionnettistes de la compagnie sud-africaine Handspring Puppet Company qui construisent à l’aide de cuir, de rotin et de métal, des structures articulées d’une stupéfiante beauté, dans lesquelles 3 artistes peuvent se glisser.

Manipulées par trois hommes, (l’un pour la tête, le second pour les flancs, le dernier pour l’arrière-train) ces armatures, véritables sculptures toutes en transparence, sont plus vraies que nature. On perçoit le moindre mouvement des chevaux : leurs oreilles frémissent, leurs flancs palpitent, ils renâclent et se cabrent.
8 millions de spectateurs ont déjà vu War Horse
On ressent aussi la plus infime de leurs émotions : leur fatigue, leur peur instinctive, leur terrible souffrance, tandis que sur scène se déchaînent le feu des mitrailleuses. Partis pour une guerre du XIXème siècle, hommes et bêtes se trouvèrent confrontés à la première guerre moderne à laquelle rien ne les avait préparés.
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Racontée à travers le regard d’un animal, la première Guerre mondiale apparaît dans toute sa bestialité et son absurde violence. Cette grande fresque musicale, d’une poésie unique, est un hymne à la paix qui a déjà séduit plus de 8 millions de spectateurs à travers le monde. Ne passez pas à côté
War Horse à la Seine Musicale, (Boulogne-Billancourt), jusqu’ au 29 décembre (35 à 109 euros).
Cheval de Guerre, Editions Gallimard Jeunesse, illustré par François Place
16 € – 240 pages – à partir de 9 ans
Joey is really enjoying his time in Paris, strolling along famous bridges and taking in the landmarks! pic.twitter.com/JzJPDVF2nu
— War Horse (@WarHorseOnStage) December 12, 2019
Elodie Fondacci