Compositeur des musiques de films inoubliables (Furyo, Le dernier empereur, Un thé au Sahara…), le compositeur japonais Ryuichi Sakamoto, pionnier des sons numériques, est mort d’un cancer le 28 mars à 71 ans.
Il a reçu l’Oscar de la meilleure musique de film en 1988
« Il a vécu avec la musique jusqu’à la toute fin », a déclaré l’équipe de Ryuichi Sakamoto dans un communiqué ajoutant que l’artiste avait souhaité des funérailles discrètes réservées à son cercle familial. Le musicien japonais avait révélé début 2021 souffrir d’un cancer colorectal, après avoir été traité pour un cancer de la gorge depuis 2014.
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Le grand public international l’avait découvert avec ses musiques de films, à commencer par celle de Furyo de Nagisa Oshima (1983), avec David Bowie et Takeshi Kitano. Il décroche en 1988 l’Oscar de la meilleure musique de film pour avoir co-écrit celle du Dernier Empereur de Bernardo Bertolucci, qui collaborera plusieurs fois avec lui, notamment sur son film suivant, Un thé au Sahara (1990). Ryuichi Sakamoto avait aussi travaillé pour Brian de Palma et Pedro Almodovar, et plus récemment écrit la bande originale de The Revenant d’Alejandro González Iñárritu (2015).
Ryuichi Sakamoto a travaillé avec Iggy Pop et Cesaria Evora
Né à Tokyo le 17 janvier 1952, Ryuichi Sakamoto découvre le piano très jeune. Adolescent, le rock des Beatles et des Rolling Stones le fascine tout autant que JS Bach et Joseph Haydn, avant de tomber éperdument amoureux de Claude Debussy. Tout en menant des études d’ethnomusicologie et de composition, ce qui lui vaudra au Japon le surnom respectueux de « Professeur », il commence à se produire sur scène avec son groupe d’électro-pop Yellow Magic Orchestra (YMO) dans le Tokyo bouillonnant des années 1970 avant se lancer dans la composition de musiques de film dans les années 80.
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Tout au long de sa carrière Ryuichi Sakamoto multiplia les collaborations avec des artistes avant-gardistes, mais aussi avec des stars comme Iggy Pop, Cesaria Evora, Caetano Veloso ou encore Youssou N’Dour. « Je veux être un citoyen du monde. Cela peut sonner très hippie mais j’aime ça » confiait ce musicien du monde qui vivait à New York depuis les années 1990. Loin d’être un artiste dans sa tour d’ivoire, Ryuichi Sakamoto était aussi très sensible aux grands enjeux sociétaux. Militant écologiste de longue date, il était devenu une figure de proue du mouvement antinucléaire au Japon après la catastrophe de Fukushima en mars 2011. Il avait également fondé en 2007 More Trees, une ONG de gestion durable de forêts au Japon, aux Philippines et en Indonésie.
Philippe Gault (avec AFP)
