Marie-Catherine Girod lève un voile sur les regards des femmes

Dans cet album Mirare au minutage généreux, la pianiste française interprète dix-sept compositrices de différentes époques.

Clara Schumann, Fanny Mendelssohn ou encore Louise Farrenc

L’âge d’or du piano fut-il celui d’une défaite des compositrices ? Si elles occupaient dans les musiques anciennes et baroques une place importante, la société bourgeoise qui émerge des Lumières limite leur accès au conservatoire et à la carrière.

A lire aussi

 

Marie-Catherine Girod explore ce moment-clé, et nous révèle le talent des résistantes des périodes classique, romantique, et du premier modernisme, celles dont l’histoire a retenu le nom, comme Fanny Mendelssohn ou Clara Schumann, ou dont elle le redécouvre aujourd’hui comme Louise Farrenc, Mel Bonnis ou Lili Boulanger. De quoi infliger un démenti cinglant aux phallocrates qui dénient au « sexe faible » le colloque qu’elles ont toujours tenu avec les muses !

Marie-Catherine Girod déjoue les attentes de l’auditeur

Non conformiste dans ses choix, Marie-Catherine Girod a su trouver une place originale dans le monde musical par sa manière d’interpréter avec audace des partitions inconnues ou rarement jouées. Son engagement personnel, sa technique irréprochable et sa grande musicalité permettent ainsi au public de se familiariser avec des compositeurs tels qu’Abel Decaux, Gabriel Dupont, Paul Le Flem, Tournemire, Gustave Samazeuilh, Vincent d’Indy, Louis Aubert et bien d’autres encore, sans pour autant négliger le répertoire traditionnel.

A lire aussi

 

On retrouve ici son jeu clair et délié au service de ces pièces aux humeurs changeantes, de la paraphrase brillante (Variations sur la cavatine de « Norma » de Louise Farrenc) aux miniatures intimes (Six Préludes d’Henriëtte Bosmans) en passant par l’esprit des romances sans paroles signées de Fanny Mendelssohn et Clara Schumann. Marie-Catherine Girod déjoue les attentes de l’auditeur en conjurant l’attitude lascive souvent associée aux « jeunes femmes au piano » telles que les ont illustrées Renoir ou Carl Vilhelm Holsoe (cf. la pochette du disque) par des pièces digitalement virtuoses, comme l’inattendue Toccata de Cécile Chaminade.
Un bouquet d’heureuses découvertes qu’on aurait tort de ne pas s’offrir pour commencer l’année en beauté.

« Regards de femmes » – Dix-sept compositrices interprétées par Marie-Catherine Girod, piano (1 CD Mirare)

Jérémie Bigorie


Décernés chaque semaine, les Trophées Radio Classique priment un nouvel album, mis à l’honneur notamment dans l’émission « Tous Classiques » de Christian Morin.

Qobuz, la plateforme française de streaming et de téléchargement de musique haute résolution, est le partenaire officiel des Trophées Radio Classique 2021

Retrouvez l’actualité du Classique