Dans la continuité du premier volume, les quatre musiciens ont bien capté ce qui fait l’originalité de Mendelssohn.
Ce second volume contient un requiem caché pour sa sœur Fanny
On sous-estime généralement ce corpus essentiel, réparti sur l’ensemble de la vie créatrice de Felix Mendelssohn. Du primesautier Quatuor en mi bémol majeur (1823) à l’ultime et tragique Quatuor en fa mineur op. 80 (1847), le compositeur renouvelle en permanence son inspiration avec une fascinante maîtrise qui ne doit rien à Beethoven. La fraîcheur d’invention de l’écriture de Felix Mendelssohn démontre pourtant le contrôle précoce des formes les plus subtiles, comme elle révèle une rigueur et une personnalité hors du commun.
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Après un premier volume salué d’un précédant Trophée, le Quatuor Van Kuijk conclut son intégrale des quatuors de Mendelssohn avec les Opus 44 n° 2 et 3 et l’Opus 80, marqué par la mort brutale en 1847 de sa sœur Fanny – dont il était très proche – à l’âge de 42 ans seulement. Comme l’écrit Stéphane Goldet dans le livret : « Le mouvement de révolte qu’est ce Quatuor op. 80, écrit d’un jet durant l’été 1847, ce bouleversant ‘Non, pas ça, pas elle !’ crié durant vingt-cinq minutes par quatre archets sera la dernière œuvre achevée du compositeur. Les quatre mouvements de ce ‘face à face avec la douleur’ (Bernard Fournier) en fa mineur doivent être joués con dolore, sans que l’indication ne soit jamais portée sur cette partition ». Vibrato souvent économe et subtilement varié, égalité accrue des pupitres, au-delà d’un primarius (Nicolas Van Kuijk) impeccable d’autorité : dans la continuité du premier volume, les quatre musiciens ont bien capté ce qui fait l’originalité de Mendelssohn, où le classicisme de la ligne s’accompagne d’un romantisme de l’expression.
Jérémie Bigorie
Felix Mendelssohn : Complete String Quartet vol. 2. Quatuor Van Kuijk (Alpha)