L’un et l’autre de très vastes dimensions, les Quintettes à cordes K. 515 et 516 dominent de très haut la production instrumentale mozartienne durant cette année 1787 qui s’achève sur la création de Don Giovanni.
Deux sommets du répertoire chambriste mozartien
Les Quintettes à cordes K. 515 et 516 nous montrent le compositeur au sommet de sa puissance créatrice, dans un genre auquel il n’était pas revenu depuis 14 ans, mais qu’il s’est pleinement approprié. Œuvres de nécessité intérieure s’il en est, ils nous donnent à entendre quelques-unes de ses confidences les plus personnelles, les plus profondes, et c’est bien ce supplément d’âme qui en fait des œuvres d’exception. De fait, ces deux chefs-d’œuvre font partie du panthéon du Quatuor Ebene : leur grâce, leur élégance, leur romantisme précoce les laissent « béats d’admiration, ils ont bouleversé notre vie musicale » selon leur dire. Rappelons que le quatuor à cordes est un genre exigeant, fruit d’une alchimie des pupitres ; un grain de sable peut tout perturber.
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« Lorsqu’un cinquième membre rejoint l’ensemble, c’est toujours une fête, explique Pierre Colombet, premier violon du Quatuor Ebène, surtout s’il s’agit d’un alto supplémentaire pour apporter plus de rondeur et de chaleur aux voix médianes : le son monte en substance et dynamisme – le quatuor gagne un merveilleux complément. Et un musicien comme Antoine apporte toujours de nouvelles idées et de la sagesse pour rafraîchir ou élargir notre vision d’une œuvre. » C’est dire si la greffe fonctionne avec l’instrument d’Antoine Tamestit duquel émane des vibrations chaudes qui, tout en renforçant le registre medium du spectre harmonique, complète avantageusement le quatuor.
Jérémie Bigorie
Wolfgang Amadeus Mozart : Quintettes à cordes K. 515 & 516. Antoine Tamestit (alto), Quatuor Ebène (Erato)
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