Stéphane Lissner aurait dû quitter fin juillet 2021 la direction de l’Opéra National de Paris qu’il dirige depuis 2014. Dans un entretien au journal Le Monde il révèle qu’il a préféré rompre son contrat dès la fin de l’année.
Après les grèves et la crise du coronavirus, «l’Opéra de Paris est à genoux» selon Stéphane Lissner
Les grèves de l’hiver et les conséquences de la crise liée à la pandémie de Covid-19 ont poussé Stéphane Lissner à anticiper son départ de la direction de l’Opéra National de Paris prévu pour la mi-2021. Dès janvier prochain il donnera les clés de la grande institution à son successeur Alexander Neef. Dans Le Monde il explique pourquoi il a pris cette décision : « La situation l’exige. Fin 2020, il est probable que l’Opéra de Paris n’aura plus de fonds de roulement. L’urgence de la situation économique va exiger des prises de décision drastiques et immédiates, qui auront un impact social important (…) C’est pourquoi, à partir de janvier 2021, j’ai choisi de m’effacer afin qu’il n’y ait plus qu’un seul patron à bord ».
A lire aussi
Dans cet entretien, Stéphane Lissner insiste sur la situation périlleuse dans laquelle se retrouve l’Opéra de Paris à l’issue de cette séquence fatale : « Nous affichons 40 millions d’euros de dettes et l’Opéra de Paris est à genoux. Il n’y a pas de transition possible (…) Les choses auraient été différentes si mon mandat avait été prolongé comme je le souhaitais. A titre personnel, ce n’est pas sans peine que je quitte cette maison ».
L’Opéra Bastille reprendra son activité en novembre, avec Carmen, La Traviata et La Bayadère
D’ici son départ fin décembre, Stéphane Lissner va s’atteler à la délicate reprise de l’activité de l’Opéra National de Paris. Une mission complexe et beaucoup de questionnements pour le directeur général « Qu’en sera-t-il des obligations sanitaires ? Le public reviendra-t-il dans les salles ? Autant de questions sans réponse. Sans compter que 80 % de nos artistes sont étrangers, dont 55 % résident en dehors de l’espace Schengen ».
A lire aussi
Stéphane Lissner revient également dans cet entretien au Monde sur les conséquences des travaux qui vont être entrepris dans les 2 bâtiments de l’institution : « L’Opéra Bastille restera fermé jusqu’au 15 novembre et la reprise se fera avec 3 spectacles en alternance. Un ballet, La Bayadère, et deux opéras, La Traviata et Carmen. Quant au Palais Garnier, qui restera en travaux jusqu’à fin décembre, nous y programmerons, à partir du 15 septembre, 2 à 3 concerts par semaine en version orchestre de chambre présentés devant le rideau de fer ».
Accusé de privilégier sa future fonction de directeur artistique du théâtre San Carlo de Naples, Stéphane Lissner répond : « Je suis un esprit libre »
À ceux qui lui reprochent de s’investir déjà beaucoup dans la programmation de la prochaine saison du Théâtre San Carlo de Naples qu’il va diriger l’an prochain, Stéphane Lissner répond « J’ai en effet annoncé ma première saison napolitaine car je suis censé prendre mes fonctions le 1er avril (…) Le temps de l’opéra nécessite une longue anticipation pour des raisons d’organisation et de programmation. Tous les directeurs sont donc confrontés un jour au fait de devoir assurer momentanément une double responsabilité. Pour l’heure, je suis toujours à Paris (…) Je suis un esprit libre. J’ai toujours décidé seul et en responsabilité. Cela dérange peut-être, mais je ne déroge pas ».
Pour Sylvain Fort, l’ancienne plume du président, personnalité influente du monde de la culture, cette succession était prévue, attendue même. Mais la crise a précipité les choses.
Ecoutez Sylvain Fort joint par Victoire Faure
Philippe Gault