New York : Des musiciens derrière les vitrines du Kaufman Music Center

©Kaufmanmusiccenter.org

En plein centre de New York, le Kaufman Music Center, lieu de concerts et d’enseignement musical, situé dans le quartier d’Upper West Side, propose depuis fin janvier un programme baptisé Musical Storefronts (les vitrines musicales), qui permet à des musiciens de se produire dans le quartier, à l’abri d’une paroi de verre en attendant la prochaine réouverture des salles au public. 

À New York, les salles de spectacle rouvriront au public le 2 avril

Des notes ont résonné dans l’air matinal encore frais avec, en fond, klaxons, roucoulements de pigeons et bruits de chantier. Derrière la vitrine d’un magasin désaffecté de l’Upper West Side de New York, s’élevait la musique de Debussy. Des joggeurs, quelques parents avec poussette et des personnes âgées se sont arrêtés pour tendre l’oreille et capter, via des haut-parleurs, le son du piano de Spencer Myer et du violoncelle de Michael Katz. « Nous avons besoin de cette relation réciproque », explique après coup Michael Katz, qui s’est déjà produit dans la plupart des grandes salles classiques new-yorkaises. « Amener la musique aux gens comme nous l’avons fait, c’est vraiment quelque chose d’unique et d’extraordinaire ».

A lire aussi

 

 

Pas de salle de concert, pas de fauteuils, une vitre de séparation, mais c’est bien un concert, l’occasion pour deux musiciens « affamés » de contact humain, comme le dit Spencer Myer, de jouer ensemble et de retrouver un public, en attendant le 2 avril, lorsque les salles de spectacle seront autorisées à rouvrir au public à New York, mais avec une jauge limitée à 33% ou 100/150 personnes au maximum.

« Le besoin de musique est aussi essentiel que l’eau et la nourriture »

Jusqu’à maintenant les organisateurs de ces happenings ont préféré ne pas ébruiter l’emplacement exact des fameuses vitrines, pas plus que dévoiler à l’avance le calendrier des concerts, pour éviter les rassemblements trop importants, coronavirus oblige. « On essaye de programmer un peu de tout », explique Kate Sheeran, qui dirige le Kaufman Music Center, « des musiciens classiques aux gens de Broadway. On a même eu de l’improvisation expérimentale ». Le projet « veut mettre en évidence le moteur artistique de New York et rappeler que les artistes ont besoin de travailler ».

A lire aussi

 

« La ville est tout le temps comme ça. Quand quelque chose de grave survient, on improvise », s’enthousiasme Terry Lieberman, venue grapiller quelques mélodies de Debussy, Beethoven, Mendelssohn et Boulanger. « Les gens se ressaisissent et repartent. C’est merveilleux ». « L’un des enseignements de la pandémie, c’est le besoin de musique, de théâtre et de danse, de spectacle vivant en général qu’ont les gens », résume Michael Katz. « Ça leur est aussi essentiel que l’eau et la nourriture. Ce n’est pas que du divertissement, ou une marchandise ». Le programme Musical Storefronts s’arrêtera le 31 mars, 2 jours avant la reprise des concerts et des spectacles en public à New York.

Philippe Gault (avec AFP)

 

Retrouvez l’actualité du Classique