L’Italie a proposé la candidature de l’art lyrique italien pour rejoindre en 2023 le patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco. Pour Stéphane Lissner, l’opéra italien mérite cette distinction plus que tout autre. Le directeur du Théâtre San Carlo de Naples, le plus ancien opéra d’Europe, a justifié son engouement pour l’opéra italien auprès de l’Agence France-Presse.
Stéphane Lissner : « La langue italienne provoque incontestablement la plus grande émotion chez les amateurs d’opéra »
En mars dernier, deux grandes spécialités italiennes ont été proposées pour être candidates à l’inscription sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco pour le cycle 2023 : le café expresso et l’art italien de l’Opéra lyrique. Et même si le petit café serré a obtenu une forte adhésion, c’est bien l’opéra italien qui a logiquement été retenu par le comité national et qui devrait rejoindre, côté musique, le savoir-faire traditionnel du violon à Crémone, inscrit dans cette prestigieuse liste depuis 2012.
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Comment pourrait-il en être autrement selon Stéphane Lissner, qui dirige le mythique Teatro San Carlo depuis 2020 ? « L’opéra est né en Italie » (vers 1600 à Florence, ndlr), rappelle-t-il. Le premier grand compositeur d’opéras Claudio Monteverdi (1567-1643) était aussi Italien et « si vous regardez l’histoire de l’opéra au XVIIIe siècle, il y a eu 400 créations pendant ce siècle rien qu’à Naples. Et puis la façon de chanter avec cette langue italienne provoque incontestablement, qu’on soit d’accord ou pas, la plus grande émotion chez les amateurs d’opéra » ajoute Stéphane Lissner.
Le ministre de la Culture a évoqué les chœur de l’opéra d’Odessa chantant Verdi dans leur ville détruite par les bombardements russes
Un engouement partagé, évidemment, par les artistes italiens comme le baryton Gabriele Viviani, en ce moment dans Tosca de Giacomo Puccini à Naples, qui déclare avec malice : « sans vouloir enlever quoi que ce soit aux compositeurs français, allemands (…) je pense que le chant italien a ce petit truc en plus qu’est la sensibilité dans l’expression des émotions ».
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Lors de la présentation de la candidature, Dario Franceschini, le ministre italien de la Culture n’avait pas manqué d’évoquer les images poignantes venues d’Ukraine montrant le chœur de l’opéra d’Odessa dans la rue sous le drapeau ukrainien et entonnant le 13 mars le célèbre air « Va, pensiero », extrait de Nabucco de Giuseppe Verdi, dans lesquelles il avait vu « une preuve de plus que le chant lyrique italien fait partie intégrante du patrimoine culturel de l’Humanité, qui y recourt dans les heures les plus sombres pour retrouver lumière, force et beauté ».
Philippe Gault (avec AFP)