Le Met Opera de New York, fermé depuis mars dernier et au moins jusqu’à l’été prochain, ne paye plus ses employés depuis le mois d’avril (exceptée la couverture santé). Peter Gelb, son directeur général propose aux représentants du personnel de rétablir les rémunérations mais avec une baisse de salaire conséquente et à long terme.
Le Met Opera propose des salaires diminués de 30% puis 15%
Avec un déficit estimé, pour 2020, à plus de 150 millions de dollars (pour un budget annuel de 312 millions de dollars) le Met Opera avait pris la décision au printemps dernier d’arrêter de payer son personnel artistique et de placer la très grande majorité de ses 1000 employés en congé sans solde. Peter Gelb, son directeur général avait de lui-même renoncé à son salaire. C’était au début de la crise sanitaire, et nul n’imaginait qu’elle perdurerait et contraindrait l’institution new-yorkaise à annuler sa saison 2020/2021 (réouverture en septembre) avec les conséquences financières qu’on imagine pour l’année à venir (Le Met ne prévoit que 49 millions de dollars de recettes en 2021).
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Sous la pression des syndicats, Peter Gelb a proposé aux salariés de rétablir leur rémunération mais sous condition. Dans le projet présenté aux représentants du personnel, les employés seraient à nouveau salariés, jusqu’à 1500 dollars/semaine pour les hauts salaires, en échange d’une forte réduction de cette rémunération pendant toute la période de fermeture de la maison et même au-delà. Une réduction de salaire estimée à 30%, qui serait ensuite ramenée à 15% jusqu’à ce que le Met retrouve un niveau de recettes convenable. Peter Gelb ne cache pas en effet que cette période post-Covid pourrait durer très longtemps car, selon lui, les ventes de billets pour la grande salle du Lincoln Center (3800 places) seront affectées pendant plusieurs années, peut-être jusqu’à 2025 !
Les syndicats craignent que ces baisses de salaires ne deviennent définitives
Dans la vidéo de présentation de ce plan de relance, suivie par plus de 500 employés, Peter Gelb a insisté sur le fait que « pour remettre le Met sur pied, tout le monde doit faire des concessions financières et des sacrifices. Il en va de la survie de l’entreprise ». Des sacrifices que les syndicats sont prêts à envisager mais ils craignent que ces modifications des contrats de travail à plus ou moins long terme amènent à des réductions salariales définitives.
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Pour Len Egert, directeur exécutif de l’American Guild of Musical Artists (AGMA), qui représente les choristes, les metteurs en scène et les danseurs de la compagnie « l’approche opportuniste du Met cherche à vider définitivement nos contrats bien au-delà de la fin de cette crise. Nos adhérents n’ont aucun intérêt à brader leur avenir ». La porte-parole du Met Opera a refusé de dire quels types de changements aux règles de travail étaient en discussion tant que les négociations n’auront pas abouti.
Philippe Gault