La 1ère école française de comédie musicale fête ses 15 ans

Créée en 2014, l’Académie internationale de comédie musicale (Aicom) accueille désormais 1200 élèves et se prépare à des collaborations à l’étranger, notamment en Allemagne, en Russie et aux États-Unis. 

Tout commence avec Offenbach

Première académie du genre en France, l’Aicom a fait grincer des dents lors de sa création, dans un pays où le chant, la danse et le théâtre « ont l’habitude de fonctionner en vase clos », estime Pierre-Yves Duchesne, l’acteur et chanteur belge qui a abandonné sa carrière en 2004 pour créer cette école de formation dédiée au théâtre musical . « On m’a dit que j’étais un iconoclaste car quelqu’un qui veut faire du chant va au Conservatoire… pour le théâtre il y a des cours privés ». Quinze ans plus tard, l’Académie internationale de comédie musicale est devenue une sorte de référence nationale et au-delà, passant de 25 étudiants à sa création à 1200 actuellement. Avec pour but d’offrir une formation « à la française » dans un genre considéré comme l’apanage des pays anglo-saxons. « On fait la même chose qu’eux mais avec une touche française », affirme Pierre-Yves Duchesne qui ajoute : « La première difficulté en créant l’Académie a été de faire comprendre à la France que la comédie musicale, c’est vous qui l’avez inventée ! ». Pour lui, l’histoire de la comédie musicale démarre en quelque sorte quand Jacques Offenbach, maître de l’opérette, demande à la cantatrice française Hortense Schneider de danser et chanter tout en jouant la comédie dans le Paris de la 2e moitié du XIXe siècle, un principe récupéré puis développé plus tard par des compositeurs anglais et américains. « Pour offrir une formation variée nourrie de tradition française, j’ai compilé toute une série de techniques très largement inspirées par l’art de chant français des années 1920-30, qui privilégie la diction et l’importance du sens », explique-t-il. « La tradition anglo-saxonne, c’est avant tout la sonorité; ce qui nous caractérise, c’est un certain raffinement au niveau du texte, l’élégance du mot ».

 

 

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Un travail pédagogique qui séduit à l’étranger

En France, l’engouement pour les comédies musicales anglo-saxonnes a grandi: « Un Américain à Paris » au Châtelet et « Funny Girl » à Marigny font un tabac. D’après Jean-Yves Duchesne, les théâtres parisiens se tournent de plus en plus vers l’Aicom pour y repérer les talents. Avec des projets de collaboration de Stuttgart à Saint-Pétersbourg, l’Académie est sur le point de signer un partenariat avec une université aux Etats-Unis, chasse gardée des « musicals ». Il leur a présenté le travail pédagogique de l’Aicom sur Offenbach, Maurice Yvain, Reynaldo Hahn, compositeur chanteur incontournable de la Belle Epoque ou encore André Messager qui a modernisé l’opérette et Francis Lopez.

L’Académie internationale de comédie musicale offre une formation sur 3 ans en français et en anglais et ses diplômés font carrière au Japon, en Amérique Latine et même à Londres. Le cursus vocal, où ils apprennent la technicité pure et la relaxation, est aussi diversifié que la comédie musicale, qui va de « We will Rock you » au « Fantôme de l’Opéra » en passant par « Spring Awakening » ou « Sunset Boulevard ». L’école auditionne également en région. Julie Ortega, 20 ans, a été repérée à Clermont-Ferrand. Elle confie : « J’aimerais beaucoup jouer et chanter Pauline dans Les Misérables et je rêve comme beaucoup de monde d’être sur les plus grandes scènes à Broadway, partout dans le monde! ».

 

Philippe Gault (avec AFP)

 

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