Guerre en Ukraine : Poutine veut confier le Bolchoï et le Mariinsky au chef d’orchestre Valery Gergiev

Mikhail Klimentyev/AP/SIPA

En marge d’une rencontre avec des personnalités du monde de la culture, après avoir dénoncé la discrimination dont la culture russe ferait l’objet en Occident, Vladimir Poutine a suggéré la mutualisation de la gestion du Bolchoï et du Théâtre Mariinsky, les 2 plus grandes institutions musicales du pays. Un projet que le président russe verrait bien conduit par Valery Gergiev présent lors de cette cérémonie.

Selon Valery Gergiev, « le moment est venu de réfléchir à la coordination des efforts »

« Que pensez-vous de l’idée de recréer une direction commune pour le Bolchoï et le Théâtre Mariinsky ? », c’est la question qu’a posée vendredi Vladimir Poutine à Valery Gergiev lors d’une cérémonie à Moscou. Suggestion à laquelle le chef d’orchestre, qui dirige l’institution de Saint Pétersbourg depuis 1998, aurait répondu que « le moment est probablement venu de réfléchir à la manière de coordonner les efforts » rappelant que, selon lui, « les théâtres Bolchoï et Mariinsky représentent l’une des traditions musicales ou musico-théâtrales les plus puissantes de la terre ».

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Ce n’est pas la première fois que Valery Gergiev se voit proposer la direction du Bolchoï. Dans un livre d’entretiens avec Bertrand Dermoncourt (Rencontre avec Valery Gergiev – 2018 – Actes Sud), le maestro russe avait confié que le gouvernement de Boris Eltsine, en 1995, lui avait demandé de prendre la direction de l’institution moscovite mais qu’il avait refusé car il lui aurait fallu lâcher le Mariinsky. La proposition de Vladimir Poutine est d’une autre teneur et fait plutôt référence au système qui existait dans la Russie impériale avant la révolution de 1917, lorsqu’un seul directeur supervisait les compagnies d’opéra, de ballet et de théâtre à Saint-Pétersbourg et à Moscou.

Vladimir Urin, le directeur actuel du Bolchoï dans le viseur du Kremlin

Le projet du président russe serait également pour lui l’occasion d’écarter le directeur général du Bolchoï Vladimir Urin qui a signé début mars, avec 17 autres artistes russes, un appel à cesser l’intervention militaire en Ukraine. Vladimir Urin a pourtant longtemps été considéré comme un proche du pouvoir. Il a même signé, en 2014, une lettre ouverte pour soutenir la politique de Vladimir Poutine lors de l’annexion de la Crimée. Proximité écornée en 2017 lorsque, sous sa direction, le Bolchoï a proposé la production, par le sulfureux metteur en scène Kirill Serebrennikov, d’un spectacle consacré à Rudolf Noureev dans lequel son homosexualité était mise en avant, ce qui n’a pas plu en haut lieu. La démission de Tugan Sokhiev, directeur musical du Bolchoï début mars, la défection, la semaine dernière, de la première ballerine Olga Smirnova (qui a rejoint les Pays-Bas) et le départ d’autres artistes pourraient entériner une disgrâce fatale à Vladimir Urin.

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Lors de la cérémonie de vendredi, durant une visio-conférence retransmise à la télévision, Vladimir Poutine a également dénoncé l’attitude de l’Occident, accusé de vouloir détruire la culture russe. « Les noms de Tchaïkovski, Chostakovitch et Rachmaninov sont retirés des affiches. On interdit les écrivains russes et leurs livre », a déclaré le président russe, ajoutant « La dernière fois qu’une telle campagne de masse pour détruire une culture répréhensible, c’était par les nazis en Allemagne il y a près de 90 ans ».

Philippe Gault

 

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