USA : Une pénurie de lait infantile crée la panique

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Une crise étonnante se déroule en ce moment aux États-Unis : une pénurie de lait infantile. C’est le genre d’information assez dramatique qui ne nous surprendrait pas si elle venait d’un pays en développement, sans industrie, sans système de santé. Mais non, c’est bien au pays le plus riche et le plus puissant du monde que ça se passe.

Deux nourrissons sont morts après des infections bactériennes

Les Etats-Unis sont pourtant quasiment autosuffisants ou presque en lait pour bébé, puisqu’en temps normal, 98% du lait infantile consommé sur place y est produit. Mais en ce moment, la pénurie est véritable, estimée à 43% il y a quelques jours. Il y a deux problèmes, au départ, d’abord structurel, le lait en poudre est devenu un objet de spéculation, les prix en ligne explosent. L’administration américaine dénonce même les « comportements prédateurs » sur le marché, elle a invité les procureurs fédéraux à enquêter, sachant que le coût habituel de l’alimentation pour la première année de vie d’un bébé est déjà de 1.000 dollars.

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Il y a depuis l’automne, dans toute l’économie mondiale, une crise sur les chaînes d’approvisionnement. Mais aux Etats-Unis, cette crise s’est accélérée en février sur le lait infantile, du fait d’un problème sanitaire. Deux nourrissons sont morts après des infections bactériennes. Une usine de la société Abbott a été mise à l’arrêt le temps de l’enquête. C’était une grosse usine, cela a donc pesé. Et surtout, la simple annonce de sa mise à l’arrêt, comme souvent, a déclenché des achats panique, qui ont accéléré la pénurie. Le problème est devenu politique pour Joe Biden.

 

Nestlé va acheminer du lait infantile depuis la Suisse en urgence

Aux Etats-Unis, un peu comme en France, tout remonte au président, tout est de sa faute ! Imaginez, en ce moment, dans les médias américains, les témoignages de parents paniqués, en larmes. Ce genre de tension d’approvisionnement est bien moins tolérable pour l’opinion que celle sur les semi-conducteurs, le pétrole ou tout autre bien : l’alimentation des bébés est évidemment on ne peut plus sensible. D’ailleurs souvenez-vous que certains groupes européens expliquent que s’ils sont restés en Russie malgré la guerre en Ukraine, c’est parce qu’ils y vendent de l’alimentation pour bébé, ou des traitements médicaux.

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C’est donc devenu le sujet numéro 1 aux États-Unis, qui a même fait l’ouverture des briefings quotidiens de la porte-parole de la Maison Blanche. Ce problème politique s’ajoute à l’inflation, déjà très forte dans le pays, bien plus élevée que chez nous (les prix ont augmenté de plus de 8,3% sur un an, aux États-Unis, contre 4,8% en France). Deux solutions ont été trouvées, ces dernières heures. D’abord, il faut rouvrir l’usine. Un accord a été annoncé hier entre la justice et le groupe Abbott pour reprendre la production. Précisons que le lait avait été mis hors de cause dans la mort des deux bébés, mais des réserves avaient été émises sur les conditions de production dans cette usine. Et puis le groupe Nestlé va acheminer du lait infantile depuis la Suisse, en catastrophe, par avion. On dirait presque de l’humanitaire. Deux solutions pour sortir de la crise, mais qui font un peu rafistolage.

François Geffrier

 

Ecoutez François Geffrier (à 5’20 »)

 

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