A un mois de l’élection présidentielle, dans une campagne marquée par le déclenchement d’une guerre en Ukraine, le 4ème baromètre France 2025 Viavoice – Generali – Radio Classique révèle que, pour imaginer des solutions à horizon 2025, les sensibilités extrémistes marquent des points, à gauche comme à droite.
Présidentielle : Jean-Luc Mélenchon, qui réalise une progression de 9 points
Alors que la campagne présidentielle entre dans sa phase finale avant le premier tour, les Français se positionnent davantage pour désigner les personnalités politiques qui leur semblent apporter les meilleures réponses pour l’avenir. Un changement notamment au profit de Jean-Luc Mélenchon, qui réalise une progression de 9 points et devance désormais la candidate LR Valérie Pécresse. Fabien Roussel, du PCF, crée la surprise en réalisant une hausse de 7 points, se positionnant parmi les trois candidats de gauche considérés comme les mieux équipés pour préparer l’avenir. Marine Le Pen et Éric Zemmour sont également plus identifiés comme étant capables d’apporter les meilleures réponses pour préparer la France en 2025, en enregistrant tous les deux des hausses de 4 points. Cette campagne présidentielle apparaît en tous cas très largement comme peu désirable : près des trois quarts des Français estiment que la campagne présidentielle actuelle ne présente pas de bonnes idées, une perception négative qui s’accentue légèrement (+ 3 points). Il semble y avoir un décalage persistant entre les préoccupations réelles des Français (pouvoir d’achat, santé, climat, éducation) et les sujets présents dans le débat politique qui portent principalement sur la sécurité (l’insécurité des biens et des personnes, l’immigration, le terrorisme).
A lire aussi
Ce constat se valide autour de trois enjeux : la santé d’abord, qui est beaucoup moins perçue dans les débats de la campagne présidentielle (une perception qui chute de 9 points) alors qu’elle constitue le deuxième sujet le plus important pour eux. Cela concerne aussi l’écologie, puisque la présence de ce sujet dans les débats semble s’amenuiser, sans doute au regard de l’actualité internationale, puisque ce sujet est bien moins perçu dans les débats actuels qu’en janvier (- 5 points) alors qu’il se positionne à la troisième place des enjeux les plus préoccupants pour les Français. Enfin, l’éducation s’installe comme la grande oubliée de cette campagne : un tiers des Français la cite comme un sujet de préoccupation majeur (sujet qui arrive en quatrième position parmi leurs préoccupations) alors qu’ils sont seulement 7 % à en entendre parler dans les débats actuels (arrivant en 16e position parmi les sujets dont ils entendent parler).
En toile de fond, des évolutions du monde du travail qui suscitent des inquiétudes
Plus que jamais, le pouvoir d’achat apparaît comme la thématique qui préoccupe le plus les Français, pour plus d’un Français sur deux (54 %, soit une progression de 8 points par rapport à janvier 2022). Les Français estiment que ce sujet est davantage présent dans la campagne présidentielle, mais cela ne suffit pas : ils attendent beaucoup plus de propositions et d’échanges sur cet enjeu. Premier enseignement majeur de l’étude : une France active clivée en deux s’exprime clairement. L’une prévoit un changement de son rapport au travail (47 %), l’autre ne l’anticipe pas (49 %). Conséquence d’un nouveau rapport au travail sur le plan de l’organisation du travail, ce même mouvement s’opère : si près d’un actif sur deux souhaite un changement concernant l’organisation dans leur travail (télétravail, temps de travail…), les Français actifs se montrent plus pessimistes sur une évolution réelle à venir sur ce sujet : seulement 38 % d’entre eux pensent que ce sera le cas.
A lire aussi
Ceux qui pratiquent le télétravail anticipent davantage tous les changements évoqués, mais c’est sur le rapport au travail et sur l’organisation de celui-ci qu’ils souhaitent particulièrement voir des améliorations. Ces évolutions s’inscrivent dans un mouvement plus global lié à un nouveau niveau d’exigence envers les entreprises : une majorité des actifs (56 %) pensent que leurs exigences et leurs attentes envers leur entreprise vont changer (conditions de travail, salaires, sens du travail…), de quoi engager les entreprises dans ces réflexions. Si les évolutions liées au travail, aussi bien dans le fond que dans la forme, divisent les Français, le caractère choisi et subi de ces évolutions clive aussi l’opinion publique : une grande partie d’entre eux, 47 %, pensent que les changements seront subis, imposés par l’entreprise et ses nouvelles contraintes qui s’exercent sur elles. Seulement 18 % des répondants estiment qu’ils seront choisis, impulsés par de nouvelles attentes et demandes des Français et plus d’un quart d’entre eux pensent qu’il n’y aura pas de changement dans la façon de travailler en France. Au-delà du caractère subi, ces changements pourraient générer de nouvelles inégalités : une majorité des Français (64 %) craignent que les prochaines évolutions dans le monde du travail entrainent des inégalités, qui toucheraient singulièrement les travailleurs seniors (55 ans et plus).
Les Français identifient clairement les nouveaux enjeux des entreprises
Dans ce contexte, les critères de choix pour travailler dans une entreprise se déploient sur trois registres : la question de la reconnaissance au travail intrinsèquement liée au critère financier, la qualité de vie et du bien-être au travail, et la situation géographique par rapport au lieu de résidence. Les Français identifient clairement les nouveaux enjeux des entreprises qui répondent assez bien à ces nouvelles exigences : Dès lors, les salaires et leur revalorisation apparaissent comme le premier enjeu qui mobilisera les entreprises à l’horizon 2025 (pour 56 % des Français. Aussi, plus d’un tiers des Français estiment que les entreprises devront répondre à de nouvelles attentes des salariés (qualité de vie au travail, services…) d’ici 2025. Ainsi, dans la perspective de 2025, les résultats de cette étude révèlent des aspirations très majoritaires, en faveur d’un monde du travail qui n’est pas celui imaginé spontanément. Prévalent surtout « l’évolution des missions et du poste dans l’entreprise », autrement dit la mobilité, ainsi que le salaire, la qualité de vie et le bien-être au travail. Parmi les futurs critères de choix d’une entreprise, les nouvelles modalités d’organisation du travail (télétravail) se situent seulement en cinquième position (17 %), même s’il est vrai que le télétravail ne peut pas concerner l’ensemble des salariés. Surtout, l’engagement des entreprises pour la société, leur impact sociétal ne sont cités qu’en neuvième position (8 %).