Yves Michaud était l’invité de la matinale de Radio Classique. Le philosophe et auteur de Ceci n’est pas une tulipe : Art, luxe et enlaidissement des villes paru en 2020 chez Fayard, dénonce l’encombrement de l’espace urbain.
La Mairie de Paris a annoncé qu’elle allait réduire le mobilier urbain
Si Paris est magnifique, c’est grâce à tous ses charmes du passé, mais l’horreur du présent lui fait tort, estime le philosophe spécialiste de la question de l’esthétique dans la ville. Il dénonce un mobilier urbain « délirant » et la suroccupation de l’espace, sujet qu’il évoque également dans son livre publié il y a un an.
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La ville est encombrée d’objets inutiles dont il dresse une courte liste : les plots, les pancartes, les clôtures des micro-jardins publics, les poubelles urbaines… Et si la Mairie de Paris a annoncé au début de l’été qu’elle allait réduire ce mobilier et le rénover, Yves Michaud est frappé par le comportement des écologistes de la coalition de la Mairie qui « n’ont aucune conscience de l’esthétique de l’environnement ». Ils multiplient les permis de végétaliser, aux pieds des arbres notamment, sans penser à l’impact visuel et environnemental, explique-t-il.
Le Bouquet de tulipes de Jeff Koons est un « projet inepte »
Autre projet qu’il considère comme « inepte » : le Bouquet de tulipes de Jeff Koons situé dans les jardins des Champs-Elysées. Cette sculpture avait été installée pour soutenir la cote de l’artiste qui était en train de dégringoler, rappelle le philosophe. De manière générale, Yves Michaud dénonce la financiarisation de l’art contemporain, qui de plus a dépassé le stade de la compréhension. Jusqu’au post-modernisme, cet art était une tradition du XXème siècle qui avait du sens car il incarnait « un bouleversement, une transgression », mais il est depuis « devenu un business et on peut y faire n’importe quoi », déclare-t-il. Réflexion qu’il développe dans son essai L’art c’est bien fini, qui sera disponible en librairie le 30 septembre.
Alexandra Legrand