Le Parisien livre un récit glaçant sur la vie des riverains aux abords du quartier Stalingrad dans la capitale. Après l’évacuation des toxicomanes des jardin d’Eole; dans le 18ème arrondissement, 200 accrocs à la drogue errent désormais dans le quartier.
Le gérant d’un restaurant explique qu’ils importunent les clients, se servent parfois dans leur assiette et volent des couteaux
Le reportage de Denis Courtine commence par ces mots : « Passé minuit, le quartier, c’est Zombieland. » Passé minuit, on distingue les crackeux, comme on les surnomme, à la lueur des flammes qui allument les pipes. Ce soir-là, ils sont une cinquantaine à faire la queue pour acheter leur dose sous l’œil médusé des commerçants. Le gérant d’un restaurant explique qu’ils importunent les clients, se servent parfois dans leur assiette et volent des couteaux.
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Un peu plus loin, rue d’Aubervilliers, un homme sursaute quand le journaliste lui adresse la parole. Cet habitant raconte ensuite qu’en quelque mois il s’est fait arracher son sac, voler son vélo, et surtout, il s’est fait tabasser, comme ça, sans raison : « Il baisse son masque et montre sa mâchoire édentée ». Les CRS sur place ne peuvent rien, ajoute un autre riverain excédé, « alors on est obligé de faire la police nous-même ».
Un groupe de jeunes du quartier fait la chasse aux drogués tous les soirs
Denis Courtine rencontre un groupe de jeunes du quartier qui fait la chasse aux drogués tous les soirs. Des pères de famille, des travailleurs, qui, expliquent-ils, aurait bien autre chose à faire que de passer les nuits dehors. Ce soir-là ils sont une demi-douzaine à molester le premier toxicomane qui passe. La tension a grimpé récemment ces derniers jours, depuis la mort de Kelyan, un autiste de 22 ans, « la mascotte du quartier », raconte le journal. Son corps a été retrouvé sur un matelas dans un abri de fortune.
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Les toxicomanes ont-ils quelque chose à voir là-dedans ? les preuves sont minces. Chacun se renvoie la balle. « L’horreur du crack à Stalingrad poursuit le journal », c’est aussi l’histoire d’une confrontation entre la mairie de Paris et la préfecture de Police. Fallait-il évacuer les jardins d’Eole il y a deux semaines ? « Il y a en tout cas urgence », écrit Nicolas Charbonneau dans son édito en page 2.« Et la solution », écrit-il, « ce serait peut-être déjà de soigner les toxicomanes ».
Marc Bourreau