Le manque de bitume et de granit en France : un sujet qui commence à inquiéter

En France, on manque de bitume et de granit…

Il va se tenir aujourd’hui une réunion de crise entre les pouvoirs publics, les entreprises de travaux publics et les fournisseurs pour faire le point sur un sujet qui commence à inquiéter. Parce que si on manque de bitume et de granit, ce sont des tas de chantiers que l’on va avoir du mal à terminer. Sans bitume on ne peut pas refaire la chaussée. Sans granit on ne peut pas poser les dalles et les bordures de trottoirs. Si les ouvriers n’ont pas de matière première, ils ne peuvent pas travailler.

Pourquoi manque-t-on à ce point de granit et de bitume ?

Il y a un côté très conjoncturel qui est lié au cycle des élections municipales. A chaque fois, c’est la même chose. L’été qui précède les élections, les maires veulent finaliser plein de chantiers. C’est un double problème d’abord parce que les années avant les élections, les travaux de voiries ont tendance à bondir de plus de 20 à 30%. Et en plus tout est concentré sur juillet-août pour ne pas trop perturber les administrés. Du coup les fournisseurs doivent livrer beaucoup plus de matière première sur une période très courte. Et en plus, on manque d’anticipation car les travaux sont souvent votés tard. Les commandes sont passées à la dernière minute. Et en plus cette année, une bonne partie des chantiers ont été ralentis par les mouvements des gilets jaunes qui ont bloqué des axes et obligé les groupes de travaux à planquer leur matériel.

Mais pourquoi ne produit-on pas plus de granit et de bitume ?

D’abord parce que les industriels ne veulent pas investir pour faire simplement face aux pics de demande des années de municipales. Le reste du temps, ils auraient trop de capacités de production inutilisées. Ensuite, le bitume c’est un sous-produit du pétrole. Et comme on a moins de raffineries en France qui transforment le pétrole, on a moins de bitume. Et comme le bitume ça ne voyage pas très bien, c’est compliqué d’en importer d’énormes quantités. Pour le granit, c’est un peu l’effet aussi de la crise des finances publiques et de la crise économique de 2008. Les budgets des communes se sont réduits, du coup les commandes ont baissé et les fournisseurs ont réduit leur activité. Aujourd’hui, il faut donc importer de plus en plus quand la demande bondit. Mais forcément, on perd en réactivité.

 

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