L’association UFC-Que Choisir porte plainte contre une douzaine de banques, dont la Banque Postale, le Crédit Agricole ou encore Boursorama, qui refusent de rembourser leurs clients victimes de fraude bancaire. La loi stipule pourtant que les organismes bancaires doivent immédiatement rembourser les consommateurs si la preuve d’une négligence grave n’est pas avérée.
Près de deux-tiers des signalements concernent des fraudes de plus de 4 000 euros
Vous avez peut-être déjà été confronté à une fraude bancaire et à la difficulté de vous faire rembourser par votre banque.
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Yves a perdu 700 euros à cause de débits frauduleux sur son compte Boursorama. Depuis février, ce retraité de 75 ans se bat auprès de sa banque pour être remboursé. Il n’est pas à l’origine de ces débits faits à partir du service de paiement sur téléphone Apple Pay : « je n’ai aucun appareil de la marque Apple. Les nombreux montants débités étaient en faveur d’un PMU. J’ai stipulé que je ne jouais jamais aux paris sportifs hippiques et que je n’ai jamais donné ma carte bancaire. Je n’ai pourtant pas été remboursé malgré de nombreuses relances et lettres recommandées. Cette situation n’est pas admissible ». Ces refus de remboursement peuvent être dramatiques car près de deux-tiers des signalements concernent des fraudes de plus de 4 000 euros.
« Les banques indiquent que le consommateur a été négligent sans apporter aucune preuve »
C’est le cas d’Emma, 22 ans, qui se bat depuis 2 mois auprès de la Banque Populaire Grand Ouest pour se faire rembourser les 4 000 euros qu’un fraudeur lui a dérobé via un faux SMS de l’assurance-maladie : « la banque m’accuse de négligence, alors que je n’ai donné aucun de mes mots de passe. 4000 euros cela représente une somme énorme de mon prêt étudiant destinée à la pérennité de mes études. J’ai un sentiment d’injustice et je suis très en colère contre ma banque. J’ai l’impression d’avoir été escroquée doublement, une fois par la personne qui a fait des virements à mon insu et une autre fois par ma propre banque ».
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Selon Matthieu Robin membre de l’association UFC-Que Choisir, il existe une véritable stratégie industrielle des banques pour s’affranchir de leur obligation : « la première pratique commerciale trompeuse est de refuser systématiquement le remboursement aux consommateurs pour cause de négligence. Alors même que l’opération de paiement n’a ni été authentifiée ni sécurisée suffisamment. Les banques vont indiquer que le consommateur a été négligent sans apporter aucune preuve ». L’enjeu est donc important car 1,3 million de ménages ont ainsi été escroqués en 2020. La somme totale des fraudes est estimée selon la Banque de France à plus de 1,2 milliard d’euros. Ainsi, l’association saisit de nouveau l’ACPR, le gendarme du secteur, et Bercy pour intensifier les contrôles et instaurer un cadre garantissant l’effectivité du droit au remboursement des victimes.
Emilie Valès
Ecoutez le reportage d’Emilie Valès :
Ecoutez le témoignage d’Emma :