Ecriture inclusive : « C’est une attaque interne à la langue » clame l’Académicien Marc Lambron

Marc Lambron était l’invité politique de la matinale de Dimitri Pavlenko. L’écrivain, critique littéraire et haut fonctionnaire a évoqué l’ambiance du pays en pleine levée progressive des restrictions. Membre de l’Académie française, il a aussi abordé la question de la défense de la langue française.

Emmanuel Macron fait de la lecture une « grande cause nationale » ? « Cette notion s’applique à des choses menacées » constate Marc Lambron

Marc Lambron a évoqué le climat général en France, et la décompensation liée à la réouverture des restaurants, des bars, de la fin de l’obligation du port du masque en plein air, de l’euro de football qui débute bien pour l’équipe de France … une liste de bonnes nouvelles qui n’en finit pas : « Il y a une décompensation et une euphorie des terrasses (…) le fait que les masques tombent à l’approche de l’été est de bonne augure, car l’été est la saison des regards et des visages (…) et puis 1-0 face à l’Allemagne c’est pas mal non plus ».

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Ressenti par Marc Lambron comme une invitation au pas de côté et au retour à soi, le confinement a permis à l’écrivain qu’il est de s’entourer de livres et de la beauté offerte par d’autres artistes, dans ce qu’il décrit comme « une vie monastique ouverte » grâce à l’écriture et à l’art. Le visiteur assidu qu’il est des musées a cependant accueilli avec plaisir la réouverture des lieux de culture, et nous offre même une recommandation d’exposition : « l’exposition sur les divas arabes à l’Institut du monde arabe est extrêmement intéressante, on se souvient qu’il a existé en Egypte à partie des années 20/30 une sorte de Cinecittà sur le Nil, avec comédies musicales, chansons, actrices, reliques, vidéos et photos (…) une exhumation d’un monde perdu, porté vers l’avant, et qui était loin de Daesh ».

 

Marc Lambron : « La langue française est en expansion »

Le fait qu’Emmanuel Macron vient d’annoncer la lecture comme « grande cause nationale » n’est pas forcément un bon signe pour la langue française, comme le souligne Marc Lambron qui nuance cependant le prétendu mauvais état de notre langue : « La notion de grande cause nationale s’applique à des choses menacées (…) Est-ce que la lecture et le français sont aujourd’hui menacés ? Oui et non … Non car le français est une grande langue de culture et qu’il y a 300 millions de locuteurs francophones sur la planète, on estime qu’en 2040, essentiellement grâce à la démographie africaine il y aura 700 millions de locuteurs français, c’est une langue en expansion (…) La contrepartie c’est le globish, ce franglais assez inesthétique, et puis il y a des attaques internes à la langue comme l’écriture inclusive ».

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L’Académicien utilise la métaphore d’un paysage pour décrire le caractère changeant d’une langue, mais aussi l’importance de sa préservation : « Il y a des érosions, des irrégularités, des étrangetés, mais notre langue est là et je me méfie toujours de ceux qui la menacent, un peu comme les aménageurs fous des années 1960 qui rasaient des pans de forêts pour y ériger des tours et des cités ». Notre langue française se globalise à cause de l’adaptabilité plus rapide de l’anglais, et du fait que le français a du mal à imposer ses traductions sur des mots comme software, business, buzz, best of, live … mais Marc Lambron invite à puiser dans d’autres sources de l’anglais pour enrichir le français : « il ne faut pas oublier que le français est enrichi par la créolisation, avec des mots d’Afrique, des Caraïbes, du Canada (…) On n’est pas condamnés à utiliser l’anglais ».

Rémi Monti

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