Alain Minc était l’invité de Bernard Poirette ce vendredi 6 novembre. L’essayiste et conseiller politique a exprimé de fortes inquiétudes face à la poussée populiste aux Etats-Unis dans le sillage de Donald Trump, mais a également pointé du doigt les « dérives de la gauche américaine vers un respect maladif des minorités et vers le culte de la culpabilité de l’homme blanc ».
« Donald Trump est un enfant qui donne des coups de pieds sous la table » estime Alain Minc
Au micro de Bernard Poirette, Alain Minc s’est exprimé sur l’élection américaine. Il a déclaré que nous risquons « d’être partagés entre le soulagement de l’élection de Joe Biden et le fait que près de la moitié des Américains aient voté pour Donald Trump ». Pour lui, cette poussée populiste est « un problème politique majeur ». « On a l’impression que l’Amérique s’éloigne progressivement du modèle démocratique occidental qu’elle a largement contribué à façonner » a-t-il expliqué. Selon lui, Donald Trump a augmenté sa base, déjouant tous les instituts de sondage. Pour lui, il faut « tenir compte des régions rurales qui votent et ont une fascination pour lui ». Alain Minc estime que « même si Joe Biden est élu, il ne faudra pas s’autosatisfaire et ignorer cette frange de la population ».
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Toutefois, l’essayiste et conseiller politique s’est montré satisfait quant au fonctionnement des institutions américaines : « Le processus électoral et la mobilisation sont rassurants ». Il a aussi largement critiqué les recours du président américain pour recompter les voix : « Donald Trump est un enfant qui donne des coups de pieds sous la table ». Il estime par ailleurs que c’est une bonne chose que « le système judiciaire américain rejette fermement les poussées infantiles de Donald Trump ».
Pour Alain Minc, la gauche américaine dérive vers « un respect maladif des minorités et un culte de la culpabilité de l’homme blanc »
Même s’il s’est montré préoccupé par ce populisme grandissant et les tentatives « infantiles » de Donald Trump, Alain Minc a également déclaré que « si Joe Biden est élu, il ramènera de la démocratie et de la sérénité dans les institutions américaines ».
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L’essayiste et conseiller politique a rappelé que s’il devait accéder à la Maison Blanche, le candidat démocrate serait dans une situation compliquée car il n’aurait pas la majorité au Sénat. Toutefois, il estime que cette situation n’est pas forcément la plus inconfortable pour Joe Biden, car elle lui permettrait de « résister à l’aile gauche de son parti ». Alain Minc a par ailleurs fustigé cette gauche américaine, pointant du doigt ce qu’il estime être « des dérives vers un respect maladif des minorités et vers le culte de la culpabilité de l’homme blanc ».
Alain Minc estime qu’Emmanuel Macron « ne partira pas dans les fantasmes répressifs de l’extrême droite »
Enfin, Bernard Poirette a interrogé le conseiller politique sur le déplacement d’Emmanuel Macron à la frontière espagnole jeudi 5 octobre. Le président s’est rendu au col du Perthus et a annoncé le un renforcement des forces de sécurité aux frontières suite à la série d’attentats qui frappe la France depuis un mois. Alain Minc a loué « la capacité du président français à saisir les problèmes et l’ère du temps ». Il a ajouté qu’Emmanuel Macron « ne fait pas le lien terrifiant entre terrorisme, islamisme, et immigration » mais qu’il tient compte du fait que « les protagonistes des récents attentats ont passé les mailles du filet aux frontières et qu’il faut faire attention à cela ». Alain Minc a manifesté sa confiance en Emmanuel Macron, estimant que « le président français restera toujours à l’intérieur de l’Etat de droit et ne partira jamais vers les fantasmes répressifs et illégaux de l’extrême-droite et de la droite extrême ».
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Concernant le confinement, Alain Minc l’a qualifié de « demi-confinement » et attend par conséquent « des demi-résultats ». Toutefois, il a déclaré qu’il n’y a « pas de bonne solution et que le gouvernement cherche la moins mauvaise ». Il a aussi rappelé « la nécessité de faire vivre l’économie » et la difficulté de « mêler deux exigences contradictoires » (économique et sanitaire).
Antoine Mouly
Réécouter ici l’interview d’Alain Minc