Covid-19 : Spotify, accusé de laisser circuler les fake news, promet d’agir

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Spotify, le leader mondial du streaming audio est accusé de laisser circuler de fausses informations sur la pandémie. Face à la pression de plusieurs personnalités et d’artistes, son PDG vient d’annoncer que des liens seraient introduits dans les podcasts évoquant le Covid-19, dirigeant les utilisateurs vers des informations scientifiquement sourcées.

Joe Rogan, animateur star de podcasts sur Spotify, encourage ses auditeurs à refuser le vaccin

À lui seul, Spotify a plus de 150 millions d’abonnés payants à son catalogue de musique. Après avoir élargi son offre à la diffusion de podcasts, (vous trouvez sans problème, par exemple, l’émission « Franck Ferrand raconte », ou encore « Des histoires en musique », d’Elodie Fondacci), Spotify s’est mis aussi à produire des podcasts. C’est ainsi qu’il s’est offert les services de Joe Rogan, acteur, sportif, commentateur. Aujourd’hui c’est l’animateur le plus écouté de Spotify. Son contrat, signé l’an dernier, est estimé à 100 millions de dollars. Joli contrat, c’est un peu le Neymar ou le Leo Messi du podcast, un coûteux transfert pour faire venir du public. Là où ça devient délicat pour la réputation de Spotify, c’est que cet animateur aurait encouragé ses auditeurs à ne pas se faire vacciner contre le covid, et fait la promotion d’un traitement non autorisé, l’ivermectine, contre le coronavirus.

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Spotify a été obligé de réagir, car ce sont des stars qui se sont émues. Le musicien de folk-rock Neil Young, mais aussi la Canadienne Joni Mitchell, et puis, last but not least, le prince Harry et son épouse Meghan Markle (ils ont signé avec Spotify un contrat de production de podcasts, estimé à 25 millions de dollars). Là, Spotify était face à un dilemme : choisir entre des stars qui menaçaient de le priver de leur catalogue ou d’appeler au boycott. Et la plateforme n’a pas choisi : elle a simplement indiqué hier que pour chaque épisode de podcast parlant du Covid, il y aurait un lien vers des informations scientifiques factuelles et sourcées.

Spotify doit veiller à ne pas braquer ses clients en supprimant des contenus problématiques

Spotify n’est pas le premier géant de la tech à être confronté aux fake news. On pense en particulier à tous ces grands réseaux sociaux américains qui ont suspendu les comptes de Donald Trump il y a un an, dans les jours qui ont suivi les émeutes au Capitole, à Washington. Facebook, YouTube, Twitter, notamment l’ont exclu. C’est un sujet ultra délicat à trancher, déjà d’un point de vue philosophique ou déontologique : dire qu’une information est fausse, ça peut sembler facile, mais comment dire qu’une information est 100% vraie, qu’elle n’est pas partielle, ou orientée ? Ensuite d’un point de vue légal, à qui incombe la responsabilité des contenus sur une plateforme : l’auteur des propos, le gestionnaire du site, l’hébergeur des données ? Tout cela dans un contexte international : un réseau social peut embaucher à tour de bras des modérateurs anglophones, francophones ou germanophones, mais c’est moins simple pour des langues beaucoup moins parlées dans le monde. Sans parler des différences culturelles d’un pays à l’autre, ce qui est ou non tolérable, ce qui relève de la liberté d’expression ou tombe sous le coup de la loi. Il y a aussi le point de vue purement économique, que cette actualité autour de Spotify illustre à merveille : comment ne pas braquer une partie de ses clients en supprimant des contenus problématiques ? C’est la difficulté de conjuguer course à l’audience et critères de qualité. Une question qui est finalement vieille comme les médias.

François Geffrier

Ecoutez François Geffrier (à 5′) : 

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