Covid-19 : « On devrait faire des vaccins un bien commun libre pour l’humanité » affirme Didier Pittet

Didier Pittet était l’invité politique de la matinale de Bernard Poirette ce vendredi 19 février. L’infectiologue, spécialiste de l’hygiène des mains et du contrôle des épidémies, s’est exprimé concernant les changements de stratégies induits par l’augmentation de la part des variants dans les cas positifs au covid-19.

Covid-19 : l’allongement de l’isolement des personnes contaminées est « une mesure qui a du sens » selon Didier Pittet

L’allongement de 7 à 10 jours de l’isolement des personnes contaminées annoncé par Olivier Véran est selon Didier Pittet « une mesure qui a du sens » dans le cadre de l’augmentation de la part des variants dans le taux de contamination de Covid-19 (36% de tests positifs le sont au variant britannique, 5% aux variants de l’hémisphère-sud). Le variant britannique a, selon l’infectiologue, « une capacité de se transmettre bien plus élevée » et les variants brésiliens et sud-africains « nécessitent un nombre d’anticorps supérieurs pour être neutralisés ». Les variants présentent donc des spécificités dont on pourrait penser qu’elles augmentent la durée de contagiosité d’un cas positif.

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A propos des différences de politiques publiques des différents pays face à l’épidémie de Covid-19, Didier Pittet estime que « les pays qui ont laissé courir le virus : les Etats-Unis, pour des raisons politiques, l’Angleterre, qui a mis beaucoup de temps à confiner ou encore la Suède ont tous des taux de mortalité excessifs chez les plus de 85 ans. L’impact de ces politiques sera beaucoup plus important sur le plan des vies perdues ». L’infectiologue Suisse remarque également des différences d’applications des mesures entre un Etat fédéral et un Etat unitaire : « des pays comme la Suisse ou l’Allemagne ont eu des problèmes de fédéralisme avec des cantons et des Landers qui pratiquaient des mesures sanitaires différentes ». Les Etats avec un centralisme fort, présentent selon lui le défaut suivant : « il n’y a parfois aucun sens qu’une mesure appliquée dans le nord du pays le soit aussi appliqué au sud si la situation épidémiologique n’est pas la même ».

 

Covid-19 : « Nécessaire de trouver le bon poids entre les mesures restrictives et la surveillance de terrain pour limiter l’expansion du virus »

Didier Pittet note que « la vaccination se propage lentement à cause du manque de doses » et explique cela par l’européanisation de la commande de vaccins, une démarche dont l’infectiologue se réjouit et qu’il qualifie de « solidaire ». Selon lui, « l’immunité nécessaire de la population, autour des 60 – 70 % ne se fera pas au minimum avant l’été », il faut donc « vivre avec ce virus » et « trouver le bon poids entre les mesures restrictives et la surveillance de terrain ». Didier Pittet affirme que « mieux le citoyen appliquera les mesures » mieux les sociétés s’en sortiront, malheureusement, quand le nombre de contaminations atteint des chiffres élevés, « les gouvernements doivent mettre en place des mesures supplémentaires restrictives ».

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Didier Pittet, co-créateur du gel hydroalcoolique, a en 1995 donné la formule à l’OMS et donc refusé d’obtenir des revenus direct sur la vente de flacons. L’infectiologue prône que l’on fasse la même chose pour les vaccins : « on devrait faire des vaccins un bien commun libre pour l’humanité ».

Rémi Monti

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