Le nouveau bac est très critiqué dans la presse du jour à l’occasion de l’épreuve de philosophie qui a commencé ce matin. Ce bac philo est l’occasion dans vos journaux d’un superbe concours de lamentation et d’à quoi bonisme.
Le bac pas assez sélectif, « vidé de sa substance » écrit un professeur de philosophie
On n’a jamais autant gémi sur cette édition du bac. Premiers gémissements dans Libération : un bac marqué par le manque de préparation, d’information, par les inégalités entre lycéens et une notation ultra-bienveillante. Qu’aurait-on entendu chez Libé si la notation avait été sévère ! Et le journal va jusqu’à donner la parole à cet horrible professeur de sciences économiques et sociales qui ose déclarer publiquement : « ce bac est une mascarade, si je peux mettre 20 a tout le monde je le ferai ». Il est chouette l’exemple donné par le prof.
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Libération explique que cette année, Covid oblige, on retiendra la meilleure note en philo, celle de l’écrit ou celle du contrôle continu. Une mesure indulgente mais non, Libération donne la parole à cette étudiante qui explique crânement qu’au bout d’une heure elle sera partie. Pourquoi passer 4 heures à rédiger, puisqu’elle est assurée d’avoir une note correcte en contrôle continu. Ailleurs c’est le même concert de lamentations. Dans le Figaro, des gémissements conservateurs : le bac pas assez sélectif, « vidé de sa substance » écrit un professeur de philo.
A quoi ça sert de regarder une œuvre d’art, d’entendre une symphonie, à quoi ça sert de faire parfois dans sa vie des choses qui n’ont pas de valeur marchande ?
A quoi sert la philo ? se demande le Parisien que je cite : « pas sûr que composer sur l’art ou la liberté ait un intérêt concret pour l’étape d’après ? » C’est vrai, à quoi sert de rédiger dans les conditions de stress une fois au moins dans sa vie ? A quoi sert de savoir qui est Kant, Rousseau ou Freud ? A quoi ça sert d’ouvrir un livre ? A quoi ça sert d’aller aux épreuves puisqu’on est sûr d’avoir son bac ? A quoi sert-il d’être curieux ? A quoi ça sert de regarder une œuvre d’art, d’entendre une symphonie, à quoi ça sert de faire parfois dans sa vie des choses qui n’ont pas de valeur marchande, pas de finalité immédiate, voilà la petite musique que diffusent vos journaux ce matin au sujet du bac. Eh bien je vais vous le dire, quand la presse fait la courte échelle à l’élève le plus cynique, au prof buté et démago et aux éditorialiste du c’était mieux avant, elle n’encourage rien, elle ne stimule rien et elle ne sert à rien. Heureusement, je rouvre Libé et je tombe sur Lydia, du Lycée Le Corbusier à Aubervilliers, elle déclare : « je la ferai cette épreuve, car c’est un exercice important pour notre culture, et j’ai eu une prof de philo extraordinaire ». Bravo Lydia, vous sauvez l’honneur ce matin.
David Abiker