Un moment décisif s’ouvre pour l’Eglise : les 120 évêques de France se réunissent dès ce mardi 2 novembre pour une semaine à Lourdes. Après le choc du rapport Sauvé, publié il y a presque un mois et révélant que plus de 216 000 personnes majeures ont été abusées sexuellement par des clercs en 70 ans, l’institution doit pencher sur l’épineuse question de la réparation des victimes et décider de mesures concrètes contre les abus sexuels qui devraient être annoncées lundi 8 novembre.
76% des catholiques estiment que l’Eglise n’a pas réagi à la hauteur des révélations
Samedi, les victimes seront entendues par les évêques. En parallèle, deux rassemblements de laïcs à Lourdes et à Paris sont prévus pour appeler à la reconnaissance des victimes et à un programme de réformes. Les fidèles réclament du concret plus que des grands discours comme c’est le cas de Claire, pour qui l’Eglise doit assumer ses responsabilités : « c’est révoltant ce qu’il s’est passé. Il y a un moment où il faut réagir et prendre des dispositions pour que ca ne se reproduise plus. Seulement écouter les personnes ne suffira pas ».
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76% des catholiques estiment que l’Eglise n’a pas réagi à la hauteur des révélations. Pour Véronique Margron, la présidente de la Conférence des religieux et religieuses en France, il est temps de rendre justice aux victimes et mieux associer les laïcs : « tous les entre-soi sont dangereux pour les plus vulnérables et quand il y a quelque chose qui ne va pas bien dans cet entre-soi on ne le voit plus. Il faut quelqu’un d’extérieur pour se rendre compte qu’il y a quelque chose d’anormal voire de criminel ».
L’enjeu est crucial pour l’Eglise car sans mesures claires, elle se confronte à un risque : la fuite de ses fidèles
Certains fidèles sont particulièrement investis. Alban Sartori a co-créé le hashtag #aussimoneglise sur Twitter. Il compte bien surveiller si les recommandations du rapport seront suivies : « il y a une commission de gens compétents qui a travaillé pendant trois ans et cela ne doit pas être enterré. Ce que l’on demande à très court terme, c’est la sanction de certains évêques qui ont pu soit ne pas collaborer aux travaux de la commission Sauvé soit qui ont continué à dissimuler des choses. On ne peut pas repartir avec certains qui sont corrompus ». L’enjeu est crucial pour l’Eglise car sans mesures claires elle se confronte à un risque : la fuite de ses fidèles.
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Une institution qui doit absolument se remettre en cause pour Christine Pedotti, directrice de la rédaction de la revue Témoignage chrétien. Il y a plusieurs semaines elle a plaidé avec d’autres personnalités catholiques pour la démission des évêques, c’est un signal grave selon elle : « ce qui est très inquiétant c’est qu’il n’y a pas eu le moindre signe. Aujourd’hui dans l’Eglise catholique il n’y a que les évêques qui décident, même ceux qui ne sont pas coupables ont une forte responsabilité donc en fait c’est à eux de prendre en charge cette responsabilité car personne d’autre à l’égard des victimes ne peut le faire. Pour l’instant personne ne peut rien faire s’ils ne marquent pas de façon décisive la prise en charge de ce drame terrible. 330 000 enfants qui ont été agressés en 70 ans, ça n’est pas une anecdote [ le nombre de victimes est estimé à 330 000 en ajoutant les agresseurs laïcs travaillants dans les institutions de l’Eglise catholique NDR ] ».
Elodie Vilfrite
Ecoutez les explications d’Elodie Vilfrite :
Ecoutez l’analyse de Christine Pedotti au micro d’Elodie Vilfrite :