Abus sexuels dans l’Eglise catholique : environ 3000 prêtres et religieux concernés depuis 1950

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L’Eglise Catholique se prépare à une déflagration. Ce mardi 5 octobre seront publiées les conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, présidée par Jean-Marc Sauvé. Un rapport commandé par l’Eglise elle-même il y a deux ans et demi.

Selon l’épiscopat, ce rapport s’annonce comme « une épreuve de vérité et un moment rude et grave »

Cette commission est composée de 22 membres, parmi lesquels aucun ecclésiastique, ni aucun représentant de victimes. Le rapport fait 2500 pages, un état des lieux bouleversant sur l’ampleur du phénomène et une quarantaine de propositions pour mettre fin à ces abus. Il pourrait ébranler l’Eglise Catholique de France, comme avant elle, celles d’Irlande ou du Canada. De l’aveu même de l’épiscopat, ce rapport s’annonce comme une épreuve de vérité et un moment rude et grave, voilà qui témoigne de la fébrilité de l’Eglise Catholique. Selon le président de la Commission Jean-Marc Sauvé, depuis 1950, entre 2900 et 3200 prêtres et religieux, à 95% des hommes, qui se seraient livrés à des viols, des attouchements. Certains membres de la commission évoquent même aussi des tortures et de l’esclavage.

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Un système qui a permis des abus à grande échelle, sans doute plusieurs dizaines de milliers de victimes.

Ils ont longuement entendu le récit de centaines de victimes. Ces professionnels pourtant aguerris, médecins, magistrats, sociologues, disent avoir été éprouvés par ces deux ans et demi de travaux au point d’être accompagnés pour certains. Ils décrivent dans leur rapport un système qui a permis des abus à grande échelle, sans doute plusieurs dizaines de milliers de victimes. L’une des membres de la Commission, la sociologue Nathalie Bajos, explique que leurs analyses confirment que l’idée de la « brebis égarée qui a fauté de manière exceptionnelle » ne tient pas la route. Le mode de fonctionnement de l’église en tant qu’institution est en cause, poursuit-elle, pointant le « caractère systémique de ces violences sexuelles ». François Devaux, l’une des victimes du père Preynat, fondateur de l’association La Parole Libérée (qui a lancé le mouvement de libération de la parole sur les abus au sein de l’Eglise) se dit persuadé que la commission a compris l’ampleur du phénomène : « on a pu voir leur évolution, leur cheminement, ils ont été bouleversés par ce qu’ils ont constaté ». Il estime que cette commission « n’a pas faibli » .Le rapport sera examiné à la loupe au Vatican. La question a d’ailleurs été évoquée le mois dernier par le pape François qui recevait une partie des évêques français.

Marc Teddé

 

Ecoutez le reportage de Marc Teddé, avec les témoignages de Nathalie Bajos et François Devaux :

 

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