Si Emmanuel Macron a braqué beaucoup de monde hier soir lors de son allocution, comme l’écrivent les Echos, la brèche risque bien de se creuser un peu plus entre les vaccinés et les non-vaccinés. « Pro et anti-vaccin, un dialogue électrique », c’est à lire en page 3 dans la Croix ce matin.
« Les soignants ont fait tout ce qu’on leur demandait depuis un an et demi, pour la première fois depuis longtemps, ils ont la possibilité de dire non »
Le journal explique que les échanges se tendent sérieusement, c’est ce que raconte notamment Ludivine, psychologue en Bourgogne. Cette vaccinée de la première heure se montre de moins en moins compréhensive avec les professionnels de santé réfractaires, mais Ludivine garde ça pour elle : « A quoi bon engager le débat, les positions sont trop tranchées ». Mélodie a elle aussi renoncé au dialogue. Comment en est-on arrivé à cette rupture ? s’interroge La Croix. Il y a d’abord les réseaux sociaux, qui mettent sur le même plan un message anonyme et une étude scientifique, il y a ensuite ce sentiment de plus en plus fort chez les non-vaccinés d’être devenus les coupables de l’épidémie. Enfin, si la rupture est politique, elle est aussi sociologique selon l’épidémiologiste Yves Buisson. « Les soignants ont fait tout ce qu’on leur demandait depuis un an et demi, pour la première fois depuis longtemps, ils ont la possibilité de dire non » explique-t-il.
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Des soignants qui disent « non », vous en trouverez aussi dans le Parisien, comme Isabelle. Cette aide-soignante qui se dit encore sous le choc après les annonces d’Emmanuel Macron et surtout celle d’Olivier Véran qui promet des sanctions disciplinaires et financières pour les récalcitrants : « Pas question de me faire vacciner pour autant, car j’ai peur pour ma santé », dit-elle, « Je suis donc contrainte de démissionner. » Isabelle doit parler à sa direction ce matin, elle veut savoir si elle reste jusqu’au 15 septembre ou si elle démissionne immédiatement. Et quelle sera la prochaine étape ? Une obligation vaccinale pour tous les Français ? « L’option n’est pas exclue » écrit ce matin Nathalie Segaunes dans l’Opinion. « Elle n’est plus taboue » ajoute Nicolas Berrod dans le Parisien, qui ironise toutefois : « si la France prend cette voie, elle rejoindrait un clan très fermé dans le monde. L’obligation vaccinale n’est en vigueur aujourd’hui qu’au Turkménistan et au Tadjikistan, deux pays qui ont la particularité d’être des régimes ultra-autoritaires ».
A Cuba, des manifestations inédites depuis la Révolution castriste sont le signal d’une forte inquiétude des habitants
A l’étranger, justement, si le Royaume-Uni s’apprête à devenir le pays le moins restrictif d’Europe dit Libération, c’est la valse des restrictions chez les 27. Couvre-feu au Portugal, vaccin obligatoire pour atterrir à Malte, pendant ce temps en Grèce, on manie la carotte et le bâton comme personne, rapporte le Monde. Pour encourager les 18-25 ans à se faire vacciner le gouvernement distribue aujourd’hui des chèques-cadeaux d’une valeur de 150 euros.. Quant aux Cubains, qui organisent depuis ce week-end des manifestations inédites depuis la Révolution, La Croix raconte que tout est parti d’un village au sud de la Havane dimanche dernier.
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Dans ce village cubain, les habitants sont descendus dans la rue parce que la propagande du régime inquiète. La Havane refuse de participer au mécanisme Covax et se vante d’avoir mis au point pas moins de cinq sérums, et pourtant, les piqûres se font attendre et les queues devant les hôpitaux ne tarissent pas. « C’est aussi la faim qui vriller les estomacs » raconte le Figaro. Le poulet distribué au rationnement est passé d’une fois par semaine en début d’année à une fois tous les quinze jours, on parle maintenant d’une fois par mois. A quoi peut-on voir que la situation est sérieuse ? « Aux voitures renversées au paradis des belles américaines des années 50 » raconte la Croix… Mais aussi aux coupures d’internet depuis quelques jours : « c’est un signal, un avertissement disent certains habitants, le signe qu’il se passe quelque chose de grave au plus Haut sommet de l’Etat ».
Marc Bourreau