L’audition très attendue de Salah Abdeslam au procès des attentats du 13-Novembre a eu lieu ce mercredi 9 février. 5 mois après le début des audiences, le seul survivant des commandos a été pour la première fois, questionné sur le fond. Sa mère, sa sœur et son ex-fiancée étaient également invitées à venir témoigner, mais elles ont préféré décliner, et ne pas venir.
Salah Abdeslam : « Je n’ai tué personne, blessé personne »
Alors que tous se posaient la question de savoir si oui ou non, il allait parler, Salah Abdeslam, cheveux rasés, barbe raccourcie, s’est montré, certes confus, mais prolixe, et a tenté de se justifier. « Je n’ai tué personne, blessé personne » clame-t-il, dès les premières minutes de l’audience, avant d’affirmer plus tard avoir renoncé à « enclencher » sa ceinture explosive. Des heures durant, debout dans le box des accusés, il répond aux questions. Et s’explique. Il évoque d’abord le moment où il a basculé : « quand j’ai vu les vidéos où Bachar Al-Assad [le président syrien NDR] tue son peuple. A partir de là, je suis avec l’Etat Islamique », car ils le combattent, et « sacrifient tout, je les aime ».
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A-t-il tenté de les rejoindre en Syrie ? Non, « à cause des attaches que j’avais en Belgique » se défend-il, même si, en même temps, il a rappelé qu’il avait ses « frères en Syrie » : son meilleur ami Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé de l’attentat du 13-Novembre et son frère Brahim, dont il n’aurait découvert le séjour au Levant que « quelques mois après son retour ». Il n’a aucune idée de la mission qui lui a été confiée, pas plus d’informations sur la galaxie djihadiste autour des attentats. « Tout était planifié à Raqqa, on ne savait pas qui devait faire quoi. Chacun avait son petit secret », tente-t-il d’expliquer. Ses petits secrets à lui, Salah Abdeslam en garde encore. Il les dévoilera, a-t-il maintes fois répété, « plus tard ». Une attitude qui n’est pas surprenante selon Philippe Duperron, président de l’association de victimes 13 Onze 15 Fraternité et Vérité : « c’est une parole incomplète, amnésique. Mais nous savons où il était, le dossier d’instruction est suffisamment documenté pour que les faits soient établis et incontestables ». Il assure que la décision de justice se basera sur les faits, et non pas les paroles des accusés, « qui est suspecte d’insincérité ».
Eric Kuoch
Ecoutez les explications d’Eric Kuoch :
Philippe Duperron, au micro d’Eric Kuoch :