Dans la course à l’Elysée, personne n’oublie le monde rural, en particulier les chasseurs, un électorat qui fait des envieux.
Valérie Pécresse, Eric Zemmour ou encore Fabien Roussel, défendent la chasse
Samedi 26 février, Emmanuel Macron ne viendra pas les mains vides au Salon de l’agriculture. Il pourrait faire des annonces que les chasseurs vont apprécier. Des réunions d’arbitrage se tenaient encore hier soir. L’idée est d’autoriser les chasseurs à abattre plus de sangliers qu’avant, pour endiguer ce qu’on appelle « les dégâts de gibier ». Autrement dit, les dégâts sur les cultures, causés par les animaux qui pullulent. Chaque année, les chasseurs indemnisent les agriculteurs. Il y en a pour 80 millions d’euros et la note ne cesse d’enfler. Alors les chasseurs demandent le changement de ces règles qui enveniment leurs rapports avec les agriculteurs. Ce dossier, d’apparence technique, est supervisé par Emmanuel Macron lui-même depuis un an. Dès qu’il est question de chasse, que ce soit sur le permis, la glu, les chasses traditionnelles, il s’en occupe. Car le président en est persuadé, lui qui est né à Amiens sur une terre de chasse : cela va couper court aux accusations de déconnexion. Les chasseurs sont aussi un réservoir de voix.
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Marine Le Pen est opposée à la chasse à courre
Il n’est pas le seul à faire ce calcul. Valérie Pécresse demande qu’on arrête de « chasser les chasseurs ». Eric Zemmour veut créer un super ministère de la Ruralité. Même le communiste Fabien Roussel exige le maintien des chasses traditionnelles. Le clivage sur la chasse ne passe donc ni par le gauche ni la droite. Les plus durs sont les écolos et les Insoumis. Ils réclament l’interdiction de la chasse le week-end et pendant les vacances. Ils ont dénoncé avec force le drame de samedi, quand une randonneuse dans le Cantal est morte par accident. De son côté, Anne Hidalgo n’a pas clairement pris position. Quant au Rassemblement National, il est traversé par deux lignes. Une, pro-chasse et une, axée bien-être animal. A l’image de Marine le Pen qui se considère : « personnellement » opposée à la chasse à courre. Dans cette campagne, le débat s’électrise parce que la société se fragmente entre les campagnes et les villes, les animalistes et les adeptes des traditions. Aucun candidat n’est lui-même chasseur. C’est ce qu’on appelle une période de transition.
Marcelo Wesfreid