Présidentielle : La droite choisit le congrès plutôt que la primaire, qu’est-ce que ça change ?

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A droite, il n’y aura donc pas de primaire pour désigner le candidat à la présidentielle, mais un vote des seuls adhérents LR lors d’un congrès. Cela change-t-il radicalement la donne ?

Primaire de la droite : plus de 4 millions de participants en 2016

Vous connaissez le célèbre sketch des Inconnus : quelle différence y a-t-il entre le bon chasseur et le mauvais chasseur ? En fait, ils font exactement la même chose, mais ça n’a rien à voir. Quelle différence entre une primaire et un congrès ? La primaire, LR aurait organisé un vote pour départager Valérie Pécresse, Michel Barnier, Eric Ciotti et Philippe Juvin. Et ça, pour le président des Républicains Christian Jacob, c’était vraiment un mauvais système. Alors, le congrès, me direz-vous ? Eh bien, LR va organiser un vote pour départager Valérie Pécresse, Michel Barnier, Eric Ciotti et Philippe Juvin. Vous voyez, ça n’a rien à voir. J’ironise mais il y a quand même une différence.

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La méthode est identique, mais le corps électoral est différent. Bien sûr, personne n’imaginait que l’on retrouve les plus de 4 millions de participants de la primaire de 2016. Mais si on regarde ce qui s’est passé chez les Verts, ils ont réussi à avoir sept fois plus de votants que d’adhérents. Donc en clair, le même départage aurait pu être effectué par quelque centaines de milliers de personnes, il sera effectué le 4 décembre par quelques dizaines de milliers de personnes tout au plus. Ce week-end, ils n’ont été que 40.000 à voter.

 

Si Xavier Bertrand consent à se soumettre au vote des adhérents, cela veut dire accepter de se retirer s’il est battu

Il y a quand même une différence de taille avec le choix d’un vote par les seuls adhérents, c’est que Xavier Bertrand ne voulait pas entendre parler d’une primaire. Il pourrait participer au vote, même s’il ne l’a pas encore dit. Ensuite il faut revenir à la déclaration de candidature. Bertrand a martelé que non seulement il refusait la primaire mais qu’il excluait toute procédure de sélection. Invoquant les mânes du général de Gaulle, il tenait le discours du contact direct entre un homme et le peuple. Bref il était candidat quoi qu’il arrive, et quoi que fassent les autres. Donc aujourd’hui, de deux choses l’une. Ou Xavier Bertrand consent à se soumettre au vote des adhérents, ce qui veut dire aussi accepter de se retirer s’il est battu. Ça serait un soulagement pour LR, mais ça voudrait dire adieu les beaux serments sur la candidature sans retour.

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Ou alors, il maintient qu’il ne participe pas à une compétition interne préalable, et c’est retour à la case départ, au casse-tête de la division à droite. Un vote limité aux seuls adhérents LR veut aussi dire que d’autres formations centristes ou de droite ne pourront pas participer. On est sur le repli sur le noyau le plus resserré. C’est un choix, mais un choix risqué dans la mesure où cette candidature de droite devra élargir son espace pour ébranler la candidature Macron et pour se protéger contre la tornade Zemmour. Dans une semaine, Edouard Philippe lance son parti, un parti de droite aussi, mais macroniste. Se replier sur les seuls militants LR pur sucre, c’est mécaniquement rétrécir l’espace du candidat désigné. Ni Macron ni Zemmour ne s’en plaindront.

Guillaume Tabard

 

 

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