Après le LR Guillaume Peltier, le RN Gilbert Collard, Eric Zemmour est-il en train de réussir son projet d’« union des droites » ? Ce sont deux prises significatives à laquelle il faut ajouter celle d’un autre député européen RN, Jérôme Rivière. Elles sont significatives car ce sont les premiers parlementaires en fonction à soutenir Zemmour, ce qui corrige un peu son image d’homme seul et qui surtout s’inscrit dans son projet d’ « union des droites ».
Guillaume Peltier : un ralliement significatif de l’ex-numéro 2 des LR mais qui reste symbolique
Ce projet, on peut le résumer ainsi : créer un pont entre la droite classique et la mouvance lepéniste, là où LR établit une digue qu’elle veut infranchissable avec ce qu’elle appelle l’extrême-droite et là où le RN est victime depuis des décennies de son splendide isolement. Vous noterez au passage qu’après avoir été exclusivement sur le terrain idéologique avec la question de l’identité française, de l’immigration, du grand remplacement, il cherche à retrouver un nouvel élan en se plaçant maintenant essentiellement sur le terrain tactique. Ces ralliements vont-ils lui permettre de reprendre l’avantage sur Marine Le Pen, qui le distance maintenant d’environ six points ?
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Ce sont des ralliements significatifs mais qui restent symboliques. Même si Peltier a été numéro 2 de LR et même si Collard est une grande gueule médiatique, ce ne sont pas de personnalités qui ont un poids tel qu’elles puissent déplacer radicalement des pans entiers de l’opinion. A droite, si un Laurent Wauquiez ou un Eric Ciotti avaient rallié Zemmour, oui, ça aurait été un séisme. Ces deux figures fortes soutiennent au contraire clairement Valérie Pécresse. On en eu a un signe vendredi avec le déplacement commun de la présidente de l’Ile-de-France et du président d’Auvergne Rhône-Alpes.
Marine Le Pen et Valérie Pécresse sont au coude-à-coude pour affronter Emmanuel Macron au 2nd tour
Et dans la sphère lepéniste ou de la droite identitaire, le seul ralliement à Zemmour qui aurait du poids, et un poids considérable, serait celui de Marion Maréchal. Mais vous noterez qu’elle n’a rien dit pour l’instant et que rien ne dit qu’elle bougera d’ici au premier tour, surtout si l’écart entre Marine Le Pen et Eric Zemmour reste aussi net. Ce qui avait affaibli la présidente du RN, c’est de n’avoir pas vu débouler à l’automne l’offensive Zemmour. Elle a dévissé d’une dizaine de points en étant doublée sur sa droite en quelque sorte. Et puis il y a un moment où, comme en montagne, pour éviter la chute mortelle, elle s’est plaqué à la paroi.
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C’est-à-dire que plutôt que de chercher une autre voie de passage, de redurcir son discours, elle a préféré ne pas changer de cap. Et finalement, elle a été d’un côté protégé par son socle sociologique, plus populaire, et que Zemmour n’a pas réussi à attaquer, et de l’autre elle a été mécaniquement recentrée par la campagne du candidat de Reconquête !. Et son image personnelle dans l’opinion s’est ainsi fortement redressée. Elle a donc résisté mais elle n’est pas sauvée pour autant. Zemmour n’a pas renoncé à attaquer la citadelle lepéniste et la candidate RN n’a pas encore retrouvé un score de qualification au second tour. Elle fait jeu égal avec Valérie Pécresse. C’est entre les deux femmes que se joue la place pour affronter Macron.
Guillaume Tabard