La guerre en Ukraine change la donne géopolitique mais aussi politique en France, à un mois et demi de la présidentielle.
LREM : « nous devons faire une campagne autour de l’unité du pays et de l’ambition ».
Emmanuel Macron devait se déclarer la semaine prochaine, lors d’un déplacement. Dans la foulée, il devait également faire un meeting a priori le week-end du 5 mars à Marseille. Mais avec ce drame à l’Est de l’Europe et la sidération qu’il suscite, tout est chamboulé. Hier, le 24 février, dans l’équipe de campagne on commençait à se demander si la déclaration ne devait pas être la plus minimaliste possible. Ou même s’il fallait maintenir l’idée d’un meeting.
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Les tractages de ce week-end ont failli être annulés. L’inauguration du Salon de l’agriculture, demain, ne sera pas le show attendu. Le président voulait faire un marathon semblable aux 14 heures passées sur place en 2019. Il n’est plus question de battre des records. Ce sera un passage plus modeste si l’agenda du président n’est pas bouleversé, comme hier soir. Le président a zappé le dîner du Crif pour aller à Bruxelles. Mais c’est surtout sur le fond qu’Emmanuel Macron va revoir sa copie. Un ministre nous disait hier : « le contexte a changé. Cela va apporter de la gravité au débat. Du coup, nous devons faire une campagne autour de l’unité du pays et de l’ambition ».
Marine Le Pen, Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon prennent leurs distances avec Vladimir Poutine
Mais pour les opposants à Emmanuel Macron, qu’est-ce que cela modifie ? Ce conflit rebat les cartes. Il peut créer un effet d’unité du pays autour du chef de l’Etat, chef des armées. L’autre conséquence est que le conflit va réduire la bande passante consacrée à la présidentielle, comme la crise sanitaire l’a déjà fait pendant deux ans. En d’autres termes, le débat public va tourner autour de Vladimir Poutine ou Joe Biden, pas des propositions sur l’éducation, la sécurité, l’environnement. Le débat avait déjà du mal à s’installer et bien cela va être pire.
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Certains candidats vont être gênés aux entournures. On va leur rappeler leurs positions pro-russes passées. C’est le cas de Jean-Luc Mélenchon, d’Éric Zemmour qui demandait la sortie de l’Otan ou de Marine Le Pen, qui avait obtenu un prêt d’une banque russe en 2017. Devant la gravité des images, ces trois candidats majeurs ont fait un virage sur l’aile pour prendre leurs distances avec Vladimir Poutine. La politique demande parfois beaucoup de souplesse.
Marcelo Wesfreid