La guerre en Ukraine percute inévitablement la campagne présidentielle française. De quelle manière modifie-t-elle le calendrier ou les modalités d’entrée en campagne d’Emmanuel Macron ?
Une campagne présidentielle monothématique
Paradoxalement, le calendrier d’Emmanuel Macron n’est en rien modifié. Mais sur les modalités et plus encore sur la portée de son annonce, cela change tout. De toute façon, le président sortant avait choisi d’attendre le tout dernier moment, à savoir cette semaine, pour entrer en lice. Mais avec un argument qui est devenu caduque du jour au lendemain. Si l’Elysée prévenait qu’il fallait attendre, c’est que le président attendait d’une part que la situation sanitaire soit maîtrisée – ce qui est le cas – et, argument plus récent, que la situation internationale soit apaisée. L’argument était habile, à défaut d’être totalement crédible. Car si la tension persistait, Emmanuel Macron n’allait évidemment pas renoncer à se présenter. Et bien on y est. Loin de l’apaisement, on a carrément basculé dans la guerre et le chef de l’Etat ne peut plus reporter l’échéance. Alors il suffit de renverser l’explication. L’attente d’un retour à la normale était un prétexte. La bascule dans le scénario le plus dramatique qui soit devient un argument pour se poser en capitaine dans la tempête.
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Mais cette situation complique-t-elle ou au contraire, va-t-elle faciliter la campagne d’Emmanuel Macron ? Elle va la simplifier, et c’est vrai pour tous les candidats. Le premier tour est dans 40 jours et on n’imagine pas la fin de cette séquence en quelques jours. Ce qui veut dire que la campagne va être dominée, si ce n’est accaparée, par les questions de défense et d’équilibre du monde. Cela va de facto reléguer au second plan tous les autres thèmes de campagne, que ce soit le pouvoir d’achat, l’école, l’environnement ou l’immigration, du moins dans les termes où cette question était abordée jusqu’à présent. C’est donc une campagne monothématique, ce qui devrait favoriser celui qui est aux manettes même si les efforts d’Emmanuel Macron pour empêcher cette guerre n’ont pas produit les effets escomptés. Il va donc certainement modifier les modalités de sa campagne.
Emmanuel Macron va plus que jamais se poser en chef de guerre
Cette guerre à nos portes va en partie occulter la place du bilan et minorer celle du projet pour valoriser l’importance de la stature et de la posture. Emmanuel Macron va donc plus que jamais se poser en chef de guerre, en faisant le pari que face aux menaces, à la peur, à l’extérieur, les électeurs vont faire le choix de la stabilité à l’intérieur et verront dans l’expérience de celui qui est en place un gage de confiance ou de protection. « Je vous protégerai », est la phrase prononcée à dessein par le chef de l’Etat dès sa première intervention, jeudi dernier. Et qui dit vote d’assurance, dit un président qui va jouer au maximum et pour le coup « jusqu’au dernier quart d’heure », de sa fonction. Quitte à limiter ses opérations de campagne militantes. Ainsi, il est déjà question de reporter le premier meeting qui était prévu à Marseille samedi.
Guillaume Tabard